s. m. Outil de Menuisier qui sert à courroyer le bois, & à le rendre uni. Il est fait d'une piece de bois fort polie pardessous qui luy sert de fust, au milieu de laquelle il y a une lumiere par où passe un fer ou ciseau incliné & fort trenchant, qui enleve les inégalitez du bois sur lequel on le fait couler. Il a plusieurs noms suivant sa grandeur, la varlope, le Guillaume, le riflart, le bouvet, &c. qui different seulement par leur longueur, ou par la taille de leurs fers. Il y a aussi des rabots de fer pour les ouvriers qui travaillent sur le metail. Rabot, selon Menage, vient de rabuttum, qu'on a dit pour radutum, qui vient de rado.

RABOT, est aussi un outil fait d'une longue perche, avec une petite planche ronde ou quarrée attachée au bout, qui sert aux Boüeurs pour faire avaler les boües, aux manoeuvres pour éteindre de la chaux, & faire du mortier, aux Vinaigriers pour remuer leurs lies, aux Pescheurs pour troubler l'eau, & à d'autres usages semblables. Les Fondeurs en ont aussi de fer qui leur servent d'escumoire, quand leur metail est fondu.

On appelle aussi rabot, un outil qui sert aux Plombiers, aux Facteurs d'orgues, pour jetter du plomb en lames deliées. Il est fait de trois pieces de bois qu'on applique avec justesse sur une table inclinée, sur laquelle elles font une espece de rebord par enbas & aux deux costez, qui forment une capacité dans laquelle on verse du plemb fondu ; & on fait couler le rabot sur cette table, plus ou moins viste, selon l'épaisseur qu'on veut donner à la lame.

RABOT, est aussi une espece de pavé fait de pierre dure, & ordinairement de biais, dont on pave les Eglises, les jeux de paume, & autres lieux publics, dont parle Savot en son Architecture.

On dit figurément, Donner un coup de rabot à un ouvrage, pour dire, le polir, en oster les imperfections, les inégalitez. On a dit d'un Auteur dont les vers étoient fort durs & fort rudes :

N'exigez pas de luy qu'il polisse ses rimes,

Il ébrecheroit trop de rabots & de limes.