s. f. Composition de suif fondu, ou de cire, qu'on fait prendre autour d'une mesche, & qui sert à éclairer. Celles dont on use dans les maisons bourgeoises s'appellent simplement chandelles. Elles se font de suif de boeuf en dedans, & de mouton en dehors. Il est deffendu par la Police d'en faire de suif de porc. Celles qu'on brusle dans les Eglises sont de pure cire, & s'appellent cierges, & chez les Grands Seigneurs s'appellent bougies. Les chandelles de veille, sont de grosses chandelles qu'on laisse brusler toute la nuit. Ce mot vient du Latin candela, qui vient ou de candor, ou du verbe candeo.

Moucher la chandelle, c'est, Couper le haut de la mesche qui est bruslée, qui empêche qu'on ne voye toute la lumiere. C'est une charge fort considerable en Espagne que celle de Grand Moucheur de chandelles. On le nomme Espanillador Mayor.

C'est une formule dans les adjudications des Fermes du Roy, de les donner à la chandelle esteinte. On allume une chandelle, & tandis qu'elle brusle, tout le monde est receu à encherir ; & aprés qu'elle est esteinte, on n'y est plus receu. On fait aussi des excommunications à la chandelle esteinte : c'est à dire, qu'on donne encore le temps de la durée d'une chandelle aux pecheurs pour venir à resipiscence ; aprés quoy ils demeurent tout à fait excommuniez. Ces chandelles sont de petits bouts de bougie.

CHANDELLE, se dit proverbialement en ces phrases. Cette femme est belle à la chandelle, mais le jour gaste tout, pour dire, que la grande lumiere fait aisément découvrir ses deffauts. On dit aussi des matieres fort peu importantes, que le jeu ne vaut pas la chandelle. On dit aussi de celuy qui est eschappé d'un grand peril, qu'il doit une belle chandelle à Dieu, pour dire, qu'il luy doit un grand remerciement. On dit aussi de celuy qui fait despense d'un costé, & sa femme de l'autre, que sa chandelle brusle par les deux bouts. On dit encore de celuy qui a de la peine à s'expliquer, Apportez luy un bout de chandelle pour trouver ce qu'il veut dire. On dit, qu'un homme s'est venu brusler à la chandelle, quand il a quitté un asyle où il estoit en seureté, pour venir en un autre lieu se faire prendre. On dit aussi, A chaque Saint sa chandelle, pour dire, qu'il faut faire des presents à tous ceux dont on a besoin pour faire reüssir une affaire. On dit encore, qu'on donne une chandelle à Dieu, & une autre au Diable, quand on est d'intelligence avec les deux partis pour subsister, quelque chose qu'il arrive. On dit aussi des choses fort bigarrées, qu'elles sont riolées & piolées comme la chandelle des Rois, parce que c'estoit autrefois une ceremonie de brusler une chandelle fort diversifiée la veille des Rois. On dit aussi des yeux fort vifs & brillants, qu'ils brillent comme des chandelles ; & de ceux qui ont receu quelque grand coup proche des yeux, qu'on leur a fait voir mille chandelles. On dit encore, que la chandelle se brusle, quand on perd le temps inutilement, & sur tout dans les voyages, quand on veut dire que le soir approche, & qu'on n'aura pas assez de temps pour arriver au giste. On dit aussi d'un homme qui est fort vieux, qu'il s'en va mourant, que la chandelle s'esteint ; & de celuy qui est à l'agonie, qu'il est reduit à la chandelle beniste. On dit aussi pour se mocquer de ceux qui attendent à faire des liberalitez pieuses dans leurs testaments, que la chandelle qui va devant éclaire mieux que celle qui va derriere.

On appelle figurément chandelle de glace, Ces eaux glacées qu'on voit pendre des toits des maisons, des gouttieres, des arbres, & qui sont des neiges fonduës qui se convertissent en glace avant que de tomber. C'est ainsi que se forment dans les grottes les cristaux de roche. On le dit aussi des roupies glacées qui pendent ou distillent en hiver du nez des gens enrumez & mal propres.