adv. Clandestinement, à la desrobée, en se cachant. On luy a donné sous main un tel pot de vin pour le desdommager, pour l'empescher d'encherir. On l'a fait menacer sous main de l'assassiner, s'il continuoit cette poursuitte criminelle. Ce traitté a esté negocié sous main entre ces Princes, fort secrettement.

On dit aussi au plurier, Dieu nous verse ses graces à pleines mains. Un mauvais Escuyer tient l'arçon à deux mains. Ce Maistre d'armes jouë merveilleusement de l'épée à deux mains, qui a deux poignées. On dit d'un avare, qu'il tient tout à deux mains, tant il a de peur que quelque chose ne luy eschappe, qu'on ne la luy prenne. Ce Juge prend à deux mains, à toutes mains, pour dire, il est fort corrompu, prend des presents des deux parties.

MAIN, se dit proverbialement en ces phrases. On dit, Jeu de main, jeu de vilain, pour dire, qu'il n'y a que les gens rustiques & mal appris qui se frappent, ou se mettent en danger de se blesser en se joüant. On dit, Froides mains, chaudes amours, pour dire, que la froideur de la main est une marque que la chaleur est concentrée dans le coeur par la violence de l'amour. On dit aussi, qu'il vaut mieux tendre la main que le cou, pour dire, demander l'aumosne, que de voler, & se mettre en danger d'estre pendu. On dit ironiquement, qu'un homme a la main bonne pour chanter, & la voix pour escrire, pour dire, qu'il n'a aucune disposition ni à l'un, ni à l'autre. On dit de deux parents, de deux freres, de deux amis qui sont joints estroitement ensemble, ou qui se ressemblent fort, que ce sont les doigts de la main, qu'ils sont comme les doigts de la main. Et quand ils sont de differente humeur, on dit que tous les doigts de la main ne se ressemblent pas. On dit d'un homme sujet à desrober, qu'il ne va pas sans ses mains, qu'il luy faut regarder plustost aux mains qu'aux pieds ; qu'il n'est pas seur de la main ; qu'il a les mains crochuës, faites en chapon rosti. On dit aussi, De Marchand à Marchand il n'y a que la main, pour dire, qu'il leur suffit de toucher dans la main pour faire un marché, sans aucun écrit ; & figurément on le dit pour marquer la societé ou l'intelligence qui doit estre entre deux personnes de même profession. On dit aussi à celuy à qui on reproche sa faineantise, qu'il a toûjours les mains dans ses poches. On dit aussi, qu'un homme a les mains de beurre, pour dire, qu'il ne les a pas fermes, quand il a laissé tomber quelque chose qui s'est câssée. On dit aussi, qu'un Marchand fait credit de la main jusqu'à la bourse, pour dire, qu'il veut vendre argent comptant. On dit aussi, qu'une main lave l'autre, pour dire, qu'il se faut rendre des offices reciproques. On dit aussi, qu'un homme a la main à la paste, quand il a quelque maniement, quelque bon employ où il peut bien faire son profit. On dit aussi, qu'on a mis le pain à la main de quelqu'un, pour dire, qu'on a esté la premiere cause de sa fortune. On dit aussi, que les mains luy demangent, pour dire, qu'il a envie de se battre, ou d'escrire quelque satyre, quelque Critique. On dit aussi, qu'il faut aller dans une affaire bride en main, pour dire, avec prudence & retenuë, sans precipitation.