PERDU, UË. part. pass. & adj.

On appelle enfans perdus, ceux qu'on expose les premiers pour monter à une bresche. On dit que des gens sont perdus de dettes & de crimes, perdus de desbauche, de goutte & de verolle. C'est un homme perdu, à qui on ne sçauroit sauver la vie, dont on ne peut jamais faire rien de bon. On dit aussi, qu'une fille est perduë, quand elle a forfait à son honneur : que c'est de l'argent perdu, lors qu'on l'employe à des choses dont on ne tirera point de profit, ni de satisfaction. On dit, Donner de l'argent à fonds perdu, quand on le donne à rente viagere, au denier fort. On dit, Faire flotter du bois à bois perdu, pour dire, le jetter dans des petites rivieres qui ne sont pas assez fortes pour porter des trains. On fait des moles & des jettées en mer à pierre perduë, lors qu'on en jette une grande confusion dans la mer qui ne se soûtient que par sa masse. On appelle aussi un puits perdu, un puits dont le fond est de sable, où se perdent les eaux qui s'y écoulent. On dit en Peinture, que des contours de figures sont perdus ou noyez, lors qu'ils sont confondus avec le fonds ; & qu'ils diminuent insensiblement.

On dit absolument, Tout est perdu, c'est fait de nous, quand on n'a plus d'esperance, ni de ressource.