v. act. & redupl. Abattre plusieurs fois. Voilà deux fois que cet homme fait bastir & rabattre ce pavillon, parce qu'il a changé le dessein de son bastiment.

RABATTRE, signifie aussi, Oster, retrancher, deduire. Sur la demande que vous me faites il faut rabattre ou compenser ce que vous avez receu. On a rabattu à cette servante sur ses gages le prix de ce qu'elle a laissé voler. C'est un prix fait, on n'en peut pas rabattre un denier. On ne luy a rien rabattu pour les frais. J'ay été obligé de rabattre un tiers du prix de ma ferme à mes Fermiers.

RABATTRE, signifie encore, Parer, empêcher l'effet de quelque chose. Un manteau de cheminée rabat la fumée, empêche qu'elle n'entre dans la chambre. Une double porte, un double chassis rabattent l'effort du vent. On dit en ce sens, rabattre les coups, quand on pare des coups d'estocade. On le dit aussi de celuy qui separe deux personnes qui se battent, en se mettant entre-deux. On le dit aussi au figuré de celuy qui appaise des gens animez, qui adoucit leurs esprits.

RABATTRE, se dit figurément en Morale. Dieu confond & rabat l'orgueil des superbes. Un Juge ne doit rien rabattre de sa severité ni pour prieres, ni pour menaces.

RABATTRE, signifie aussi, Prendre son chemin en revenant, pour s'arrester en un certain endroit. Si vous allez au Palais, venez rabattre chez moy, & vous reposer. On dit aussi à la chasse, que des oiseaux se rabattent sur le gibier ; & figurément, qu'un homme se rabat sur quelque chose, quand il se reduit à quelque moindre employ, ou qu'il s'applique à quelque moindre travail que celuy d'auparavant.

RABATTRE, en termes de Palais, se dit des defauts & congez qu'on fait revoquer par le Juge en se presentant devant luy, & offrant de plaider pendant la même Audience. Un Advocat qui vient remonstrer qu'il étoit à plaider ailleurs, fait rabattre le defaut qu'on avoit obtenu contre luy.

RABATTRE, en termes de Manege, se dit d'un cheval qui manie à courbettes ; & on dit qu'il les rabat bien, lors qu'il porte à terre ses deux jambes de derriere à la fois. On dit aussi, que le cavalier dompte & rabat l'impetuosité d'un cheval fougueux.

On dit proverbialement, J'en rabats quinze, pour dire, J'ay perdu beaucoup de l'estime que j'avois pour luy. On dit aussi, J'en rabats la moitié. Je luy ay bien rabattu son caquet, pour dire, Je l'ay humilié, je l'ay obligé à se taire. On dit aussi à ceux qui ont un habit neuf, qu'il leur faut rabattre les coutures, quand on les frappe legerement ; par allusion à ce qu'on dit des Tailleurs, qu'ils rabattent les coustures, quand ils les cousent une seconde fois.