s. f. Ce qui sert à blanchir le linge sale. L'action de la lescive se fait par la vertu des sels, des cendres de bois neuf, de soude ou de gravelée, qu'on met dans un charrier sur un cuvier plein de linge. La dissolution des sels se fait par de l'eau chaude qu'on verse plusieurs fois dessus, & par leur acrimonie ils detâchent & emportent toutes les graisses & ordures qui y estoient attachées ; & c'est cela qu'on appelle Couler la lescive. Le jour d'aprés on lave le linge en grande eau pour en destacher les sels qui y pourroient estre restez, & qui causeroient de grandes demangeaisons sur la peau. On dit, Faire la lescive, mettre du linge à la lescive, un linge blanc de lescive. Les Chirurgiens font aussi une espece de lescive pour faire la barbe, qui est de l'eau meslée avec des cendres du bois du rose, &c. Ce mot vient de lixivium, qui a été fait de lix, qui en Latin signifie de l'eau. Menage & Vossius.

En termes de Chymie, lescive ou lexivation, est l'action par laquelle on fait passer plusieurs fois de l'eau chaude sur des cendres des vegetaux, ou sur la chaux des mineraux, & mêmes des terres qui contiennent quelques sels, par le moyen de-quoy ces sels se dissoluent, les eaux s'en empreignent, & cette eau estant évaporée ou cuite à sec, elle laisse au fond le sel dont elle est empreignée. Ainsi se fait le salpestre. On dit quelquefois au masculin, un fort lescif.

On dit proverbialement, A laver la teste d'un asne on n'y perd que la lescive, pour dire, qu'on perd sa peine à instruire un homme beste, stupide ou opiniastre.