v. act. Nettoyer, polir, succer avec la langue. On dit que les ours donnent la forme à leurs petits à force de les lescher : mais c'est une erreur populaire. Les chattes, les chiennes leschent aussi leurs petits, se leschent les pattes, se leschent les barbes, se leschent leurs playes pour les guerir, leschent les plats & les escuelles, caressent leurs maistres en les leschant. Ce mot vient de leccare & de lingere, dit Mesnage. D'autres le derivent de l'Allemand lecken, qui signifie la même chose. Il y a plus d'apparence qu'il vient du verbe Grec leicho, qui signifie lescher : d'où vient que les Grecs ont appellé leichanos le doit indice, parce que c'est celuy qu'on trempe dans les sauces, & qu'on lesche pour en connoistre le goust. Ou enfin il peut venir de licher, mot Celtique ou Bas-Breton qui signifie friand.

LESCHER, se dit aussi des hommes friands & goulus, qui ne se contentent pas de manger tout ce qu'il y a dans un plat, mais encore le leschent pour n'en perdre pas même la sauce. Ce mets estoit si friand, qu'on a lesché le plat, qu'on s'en est lesché les doigs. Ce Pedant nourrit si mal ses pensionnaires, qu'il ne leur donne à manger qu'à liche doit. On le dit aussi de toutes les autres choses qu'on donne avec chicheté, & en moindre quantité qu'on n'en a besoin.

LESCHER, se dit figurément en Morale, des ouvrages d'esprit qu'on tasche de polir, de perfectionner, & de bien finir. Ce Discours, ce Poëme, ont esté extremement leschez, on y a retouché plusieurs fois. On dit aussi, qu'un tableau est bien lesché, quand les couleurs sont seulement noyées & adoucies avec beaucoup de soin & de travail, mais sans y reconnoistre cette hardiesse & franchise de pinceau qui n'appartient qu'aux grands maistres.

On dit proverbialement à celuy qu'on a sevré de quelques avantages qu'il pretendoit, qu'il n'a qu'à s'en lescher les barbes.