s. f. Operation de Chirurgie qu'on fait avec une lancette pour tirer le sang corrompu ou superflu qui est dans les veines. Les Medecins methodiques usent de saignée pour remede principal. La saignée estoit fort rare chez les Anciens. Une saignée du bras, saignée du pied. On tient que c'est l'hippopotame qui a enseigné aux hommes l'usage de la saignée, parce qu'estant trop chargé de sang, il se frotte contre un roseau pointu, & s'ouvre une veine ; puis se sentant deschargé de sa plenitude, il se veautre dans la bouë pour estancher son sang.

SAIGNÉE, se dit figurément en parlant des corps politiques. La bataille de Cannes fut une grande saignée que souffrit la Republique Romaine ; elle fut bien affoiblie par cette saignée.

SAIGNÉE, est aussi un petit fossé qu'on fait dans un pré pour y amener de l'eau, & y entretenir la fraischeur. On a affermé ce pré à la charge d'en rafraischir les saignées, & de les entretenir en bon estat.

SAIGNÉE, est aussi une ouverture & un canal qu'on creuse en pente pour vuider l'eau d'un fossé, dessecher un marais, affoiblir une riviere. Le Rhin a été affoibli par plusieurs canaux & saignées qu'on a fait vers son embouchure. On met les fossez d'une ville à sec par des saignées, quand on trouve de la pente.

SAIGNÉE, se dit figurément en ce sens, des moyens qu'on trouve de tirer de l'argent de la bourse de quelqu'un. Ce gendre fait de temps en temps des saignées à la bourse de son beau-pere. Cette Province a dêjà souffert plusieurs saignées par des taxes & emprunts.

On dit proverbialement en ce sens, Selon le bras la saignée, quand on fait une taxe, un emprunt proportionné aux biens de celuy à qui on les demande. On dit aussi, que les valets des Voituriers ont fait une saignée à un muid de vin, quand ils en ont tiré avec un foret & un faucet.