subst. masc. Animal qui vit dans les eaux. Il y a des poissons de mer, & des poissons de riviere ; d'autres qui vont dans toutes les eaux, comme les saumons, les aloses, &c. Les castors, les loutres, les crocodiles, sont moitié chair, & moitié poisson, ils vivent dans l'eau & sur terre. On appelle poissons cetacées, les gros poissons, comme les baleines & les tiburons ; des poissons testacées & ostracées, ceux qui ont des coquilles & de grosses escailles, comme les tortuës & les huistres. On dit le musse, les ouïes ou bronchies des poissons ; les nageoires des poissons ; de la colle de poisson ; des boutiques, des reservoirs de poisson. Les Poëtes appellent les poissons, les peuples escaillés. On appelle les jours maigres, jours de poisson. Sur la mer on appelle poisson vert, celuy qui vient d'être salé, & est encore tout moite ; & poisson sec, celuy qui est salé & seché. Ce mot vient de piscione, formé de piscis. Menage. François Willughbei de la Societé Royale d'Angleterre a publié en 1676. un excellent Livre de l'Histoire des Poissons, qu'il appelle Icthyographie. Rondelet avoit fait auparavant l'Histoire des Poissons.

On appelle en termes de Marine poissons royaux, les dauphins, esturgeons, saurnons & truites, lesquels appartiennent au Roy seul, quand ils sont trouvés eschoüez sur le bord de la mer, à la difference des baleines, marsoins, veaux de mer, thons, souffleurs & autres poissons à lard, qui sont partagés comme simples espaves. Cela est reglé par le titre 7. du livre 5. de l'Ordonnance de la Marine. La coustume de Normandie appelle aussi poissons royaux, generalement tout le poisson qui est digne de la table du Roy, comme vives, surmulets, qui sont les rougets, les haubars qui sont brignes, ou loubines, &c. Sur la mer Athlantique il y a une infinité de poissons volants qui sont la proye des dauphins, des bonites & des albicores, quand ils sont dans la mer ; & dés qu'ils s'élevent en l'air, ils y rencontrent des oiseaux semblables à nos hirondelles de mer qui les prennent.

POISSONS, au plurier, est une Constellation qui fait le XII. Signe du Zodiaque, où le Soleil entre au mois de Fevrier. Elle est dans la partie Australe. Elle a 34. estoilles, selon Ptolomée, & 39. selon Quepler, qui sont de la quatriéme ou cinquiéme grandeur, à la reserve d'une qui est de la troisiéme. C'est une des Maisons de Jupiter, & l'exaltation de Venus.

Les poissons sont appellés diversement en blason. Les dauphins sont toûjours courbez ; les bars ou barbeaux adossez ; les chabots peris en pal. Quand ils sont en fasce on les represente nageants, & on n'exprime point leur assiette, mais seulement lors qu'ils sont en pal ou en bande.

POISSON, est aussi une petite mesure de liqueurs qui contient la moitié du demi-septier de Paris. On prend quelquefois trois poissons de lait d'asnesse. Ce mot en ce sens vient de potio, & on devroit dire posson.

POISSON, se dit proverbialement en ces phrases. On dit d'un grand goulu, qu'il avaleroit la mer & les poissons. On dit d'un homme à son aise, qui est en une bonne condition, qu'il est heureux comme le poisson dans l'eau. On dit de celui qui vit fort retiré, dont on ne connoist pas l'humeur, qu'on ne sçait s'il est chair ou poisson. On appelle chere de Commissaire, quand on sert chair & poisson. Ce proverbe n'a commencé que du temps des Huguenots, car il falloit que les repas qu'on donnoit les jours maigres aux Commissaires des Chambres mi-parties fussent servis en chair & en poisson, afin que chacun en mangeast suivant le devoir de sa Religion. On dit aussi, que les gros poissons mangent les petits, pour dire, que les Puissans oppriment les foibles. Ce proverbe est ancien, & c'est une façon de parler qui se trouve dans Polybe & dans Varron. On dit aussi d'un present qu'un pauvre fait à un riche, que c'est un petit poisson pour en avoir un gros. On dit aussi, que la sausse vaut mieux que le poisson, quand l'accessoire vaut mieux que le principal. On dit aussi d'un homme qu'on a convaincu, qu'on l'a rendu muet comme un poisson. On dit aussi de celui qui a de la peine à digerer quelque affront, quelque injure, qu'il ne sçait à quelle sausse manger ce poisson. On appelle aussi un maquereau, un poisson d'Avril. Le peuple dit ironiquement à celuy qui a mis le pied dans l'eau, qu'il a pesché un poisson.