v. act. Frapper, ou serrer violemment quelque partie d'un corps sensitif. Les coups orbes blessent en faisant des contusions. les instruments tranchants blessent en faisant des playes. les souliers trop serrés blessent les pieds. une selle dure blesse un cheval. Menage derive ce mot de laesare Latin, en y adjoûtant un b.

BLESSER, se dit avec le pronom personnel, quand on se fait mal, soit en tombant, soit par mesgarde, soit volontairement. Je me suis blessé par mesgarde.

BLESSER, signifie aussi, Choquer, toucher trop fortement ce qui est delicat. Les couleurs trop vives blessent la veuë. une dissonance blesse l'oreille.

BLESSER, se dit figurément des choses spirituelles. Une chose monstrueuse blesse l'imagination. un extravagant a l'esprit blessé, est blessë du cerveau. il ne faut rien dire devant les femmes qui blesse la pudeur, qui blesse les oreilles chastes.

BLESSER, se dit figurément en matiere d'amour. Cet amant a le coeur blessé, les beaux yeux de cette Dame l'ont blessé.

BLESSER, signifie encore au figuré, Nuire à quelque chose, y donner atteinte, y faire bresche. Ces faits que vous avez avoués blessent vôtre cause, donnent atteinte à vostre droit. il ne faut point faire de medisances qui blessent la reputation du prochain, qui luy nuisent. les railleries trop fortes blessent l'amitié : il y en a d'innocentes qui ne blessent personne.

BLESSER, signifie encore Porter dommage. Cette sentence me blesse en ce chef, elle me fait un grief, un prejudice notable.

On dit proverbialement, qu'on ne sçait pas où le soulier nous blesse, où le bast nous blesse, quand on ne sçait pas le deplaisir secret que nous avons dans l'ame. On dit aussi, Autant de morts que de blessés, il n'y eut qu'un chapeau perdu, pour dire, il n'y arriva pas grand mal.