CORAIL, ou Coral. s. m. Plante maritime qui croist au fond de la mer. On en voit des arbrisseaux de la hauteur d'un homme. Ils s'arrachent du fond de la mer avec des crochets en forme d'ancres. On en trouve de rouge, de blanc & de noir en une même branche. On en voit aussi de verd, de jaune, de cendré, de sombre, & d'autre couleur meslée, & dont les extremitez des branches paroissent visiblement n'estre que du bois, les autres estant changées en corail blanc & rouge : ce qui monstre qu'il se forme peu à peu d'un suc petrifiant, & qu'il ne rougit qu'aprés avoir acquis sa pleine maturité, comme font les fruits. Lors que les branches sont verdes ou blanches, c'est une marque qu'il n'est pas encore meur. Il est terrestre, rude & rabotteux au sortir de la mer, & on ne peut connoistre sa bonté, qu'il ne soit poly. Le rouge & le blanc sont les plus estimez. On tient que le corail est plus rouge porté par un homme que par une femme ; & qu'estant porté par un malade, il devient pasle, livide & tout taché, desorte que par le changement de sa couleur il advertit de quelque maladie prochaine. On luy rend sa couleur en le suspendant sur du fumier, ou en le couvrant de semence de moustarde, ou en le lavant avec du pain mouillé. Le corail noir est appellé par Dioscoride antipathes. Pline dit qu'il ne s'endurcit & ne devient rouge qu'au sortir de l'eau, & que c'est un arbrisseau verd dont les grains & les boutons sont hors de l'eau : mais il se trompe. Le corail se tire vers le Bastion de France en Afrique, & vers l'Isle de Corse & de Majorque, à Tabarque & vers le Cap de Quiers en Catalogne. Les anciennes pescheries étoient la Mer Persique, la Mer Rouge, la Mer de Sicile & de Naples. On n'en trouve point dans l'Ocean. Le Pere Kirker dit qu'il y a des forests entieres de corail dans la Mer Rouge. On en voit des branches toutes mangées de vers comme du bois vermoulu. Les Japonnois font plus de cas du corail que de toutes les pierreries. En Pharmacie on se sert de perles & de coraux mis en poudre. On en fait des syrops. On en tire des teintures, & il sert à plusieurs medicaments. On le nomme en Grec & en Latin lithodendrum, comme qui diroit pierre-arbre. Gantius a escrit l'Histoire du Corail, & dit que c'est un mineral qui vegete. Les Anciens l'ont aussi appellé Gorgonium, parce qu'ils croyoient qu'il se petrifioit à l'air comme à la veuë de la teste de Meduse. Le jus de citron tire la teinture du corail, & le fait devenir blanc comme neige, quand il y a trempé un jour ou deux, estant pulverisé.

On en fait d'artificiel avec du cinnabre bien broyé, dont on fait une couche sur quelque branche de bois bien seche & bien polie, imbuë auparavant de colle de gand. On la polit par aprés, & on y met pour vernis une couche de blanc d'oeuf.

On dit poëtiquement des levres de corail, pour dire, bien vermeilles.