s. m. Poil long & deslié qui vient à la teste des hommes & des femmes. Les Medecins font plusieurs distinctions des cheveux, & leur donnent des noms differents, mais seulement en Grec & en Latin. Ils appellent ceux des femmes coma, à cause du verbe komein, qui signifie attiffer & agencer soigneusement ; ceux des hommes caesaries, à caedendo, parce qu'on les coupe souvent ; ceux de derriere la teste, juba & crines ; ceux qui pendent derriere les oreilles, cincinni, c'est à dire, crespus & annelez. La Magdelaine essuya les pieds du Seigneur avec ses cheveux. la force de Samson consistoit en ses cheveux. les femmes qui se querellent, se prennent d'abord aux cheveux ou aux crins. cheveux bien peignez. Ce mot est derivé de capillus.

Les cheveux longs ont été si odieux en un temps, qu'il se trouve un Canon de l'an 1096. portant que ceux qui auront de longs cheveux, seront exclus de l'entrée de l'Eglise pendant leur vie, & qu'on ne priera point Dieu pour eux aprés leur mort. Un Evêque d'Amiens refusa le jour de Noël à la Messe les offrandes de ceux qui avoient de longs cheveux : ce qui fit qu'ils les couperent sur le champ. Cependant Pasquier dit qu'en son jeune âge tout le monde portoit de longs cheveux, à la reserve des Moines. Le Roy François I. commença à porter des cheveux courts, à cause d'une blessure qu'il receut à la teste, qui obligea ses Medecins à le faire raser. Le peuple à son exemple porta des cheveux courts. Les Prêtres mêmes se firent tondre : ce qui eût esté auparavant trouvé de mauvais exemple, comme dit le même Auteur. L'offre qu'ils font à Dieu de leurs cheveux, quand ils font des voeux, est une marque qu'ils se donnent à luy en perpetuelle servitude.

CHEVEU, sert de comparaison à toutes les choses déliées. Ce fil, cette soye sont desliez comme des cheveux. cette aiguille, cette ligne sont comme des cheveux.

On dit, qu'une femme est coëffée en cheveux, lors qu'elle a seulement ses cheveux arrangez ou tortillez autour de la teste, & qu'elle n'a ni bonnet, ni coëffe qui les cache.

On appelle faux cheveux, ceux qui ne tiennent point à la teste, mais qui y sont appliquez en tresses, tours, coins ou perruques.

On appelle cheveux vifs, les cheveux arrangez dans les perruques de la maniere qu'ils étoient sur la teste de la personne vivante, sur laquelle ils ont été coupez à ce dessein : & on les appelle frisez naturellement, quand ils étoient frisez, bouclez ou annelez auparavant que d'estre coupez.

On appelle un toupet de cheveux, une poignée de cheveux, ce qui croist ou ce qu'on laisse en quelque endroit de la teste. Les Tartares & les Chinois se rasent les cheveux, à la reserve d'un petit toupet qu'ils laissent croistre au derriere de la teste.

Les Poëtes appellent le Soleil, Phoebus aux blonds cheveux ; & se servent du mot de cheveux gris & cheveux blancs, pour marquer la vieillesse. Ainsi Malherbe a dit,

Les ridicules adventures

D'un amoureux en cheveux gris.

Et Corneille,

Touche ces cheveux blancs à qui tu rends l'honneur.

On dit, Rafraischir les cheveux, faire les cheveux, couper les cheveux, pour dire, en couper les pointes, les extremitez, les arrondir, les mettre à la mode.

CHEVEUX, se dit figurément des petites racines ou filaments des plantes, d'où leur vient la premiere nourriture.

On dit d'une chose qui fait horreur, qu'elle fait dresser les cheveux à la teste. On dit, qu'il faut prendre l'occasion aux cheveux, pour dire, qu'il ne faut pas la laisser eschapper. On dit, qu'un passage, qu'une comparaison sont tirez par les cheveux, lors qu'ils ne viennent pas naturellement au sujet, qu'ils sont tirez de trop loin. On dit encore, que tous nos cheveux sont comptez, pour dire, que la Providence a soin des moindres choses qui nous regardent. On dit aussi, quand on veut trop subtiliser sur les choses, que c'est fendre un cheveu en deux.