s. f. Espece de legume qui vient en gousse comme les pois, mais qui est plat & plus long. Sa tige est quadrangulaire, oblique, nouée & creuse, d'où sortent en maniere de grappes sur une même queuë plusieurs fleurs de couleur bizarre, veluës & crestées. Elle jette ses rameaux inégalement, qui poussent quatre feuilles de chaque costé, fort grasses. Ses gousses sortent de ses fleurs, qui sont plus grosses & plus charnuës que celles des autres legumes, où sont encloses des feves de differente longueur & couleur. Il y a des feves de marais, qui sous la gousse ont une petite peau blanche. Il y en a d'autres qu'on nomme Feves de haricot, qu'on mange avec la gousse quand elles sont tendres, & qu'on fait secher quand elles sont meures. En Latin faba, en Grec cyamos. Il y a une feve sauvage que Matthiole croit estre l'aracus de Galien. Il y a aussi une feve d'Egypte ou Pontique, que quelques-uns appellent Colocasia : c'est peut-estre celle dont on fait le caffé ou cahué, qui est une espece de feve noire qui vient de Turquie. Les faseoles & les lupins sont des especes de feves. Pline fait mention d'une feve que les crocodiles fuyent comme contraire à leurs yeux. Fraiser des feves, c'est oster la petite peau blanche qui les couvre. Ce mot vient du Latin faba, qui a esté dit, selon Scaliger, comme paba, à pascendo.

On s'est servi autrefois de feves pour recueillir les suffrages des peuples. La blanche signifioit absolution, & la noire condamnation. Aujourd'huy on s'en sert encore pour eslire un Roy qu'on fait au hasard à la ceremonie des Rois.

On appelle un Roy de la feve, un homme qui fait le vain, & dont on ne fait pas grand estat, qui n'a aucune autorité.

On dit aussi proverbialement, qu'un homme croit avoir trouvé la feve au gasteau, quand il croit avoir trouvé la resolution de quelque question difficile, ou quelque pensée heureuse.

On reproche aussi la folie ou foiblesse d'esprit à quelqu'un, quand on luy dit que les feves sont en fleur.

Il y avoit aussi un des symboles de Pythagore qui ordonnoit de s'abstenir des feves. On a donné diverses interpretations à ce precepte, & entr'autres, qu'il se falloit abstenir des jugements qu'on faisoit alors avec des feves ; ou parce que leur fleur marquée de noir a quelque chose de lugubre.

FEVE, est aussi une maladie de cheval, une enflure qui luy vient dans le haut de la bouche derriere les pinces de la maschoire superieure. On l'appelle aussi le lampas.

On appelle, Germe de feve, la marque noire qui vient dans le creux des coins d'un cheval, & qui s'y estant formée vers les cinq ans, s'y conserve jusqu'à sept ou huit, jusqu'auquel temps on dit que le cheval marque.