s. m. Substance qui forme le corps des arbres, & qui prend son accroissement du suc de la terre. Il y a des bois durs, comme le cormier, le poirier ; des bois legers, comme le liege, &c. On a peint ce lambris en couleur de bois. Mr. Grew dans son Anatomie des Plantes a descouvert que la partie qu'on appelle proprement le bois dans un vegetable, n'est autre chose qu'une infinité de canaux fort petits, ou de fibres creuses, dont les unes s'élevent en haut, & se rangent en forme d'un cercle parfait ; & les autres qu'il appelle insertions vont de la circonference au centre. Elles se croisent mutuellement, comme les lignes de longitude & de latitude sur un globe, ou les fils des Tisserans étendus en long & en large & entrelacez ensemble. Nicod derive ce mot du Grec boscon, qui signifie lignum. Menage de boscium, qu'on a fait de boscum ou boscus, qui signifie forest. Il vient plustost de l'Allemand busch, d'où les Italiens ont fait bosco, & les Espagnols bosque. En vieux François on disoit bos. Du diminutif boskettus on a fait bosquet & bouquet ; & de boscium on a fait pareillement buisson ; de bosca, busche ; & de boscagium, bocage.

On appelle chez les Chrestiens par excellence, le sacré bois de la Croix, le bois de la vraye Croix, celuy où fut attaché nostre Sauveur.

BOIS, se distingue en plusieurs sortes, tant par sa nature, ses vertus, & ses qualitez, que par ses defauts, ses façons, ses voitures, ses mesures, & ses emplois.

BOIS, consideré selon ses diverses qualitez, utiles, curieuses & medecinales, est premierement le bois de charpente ou à bastir, tels que sont le chesne, le chasteignier, le sapin, qu'on scie & qu'on équarrit, &c. qui sert à bastir les maisons, à faire les planchers & les toits, des moulins, des machines, &c.

Les bois estimez par curiosité, sont les bois de citron, de cedre, d'ebene, de calemba ou calembouc, de bouis, à cause de leur odeur & de leur dureté, & parce qu'ils reçoivent un beau poli, dont on fait des tables, des buffets, des chapelets, des peignes. Les bois des teintures sont bois d'Inde, bois de Bresil, bois de Campeche, bois jaune, &c.

Les bois medecinaux, sont le Gayac, que les Espagnols appellent Ligno sancto, l'Aloës ou Agallochum, le Kinquinna, le bois d'aigle ou Pao d'aquila, & d'autres qui seront expliquez à leur ordre.

BOIS, en termes d'Eaux & Forests, consideré suivant son état, s'appelle bois en estant, lors qu'il est debout & sur pied, vivant & prenant son accroissement sur la terre. Cette expression vient de ce que ce mot estant étoit autrefois un substantif ; & on disoit qu'un homme étoit en son estant, pour dire, qu'il étoit debout sur ses pieds, comme on dit encore, qu'il est en son seant, pour dire, qu'il est à demi couché.

BOIS VIF, est celuy qui prend nourriture, ou qui porte du fruit, qui pousse des branches & des feuilles.

BOIS D'ENTRÉE, est celuy qui est entre verd & sec, dont les arbres ont les houppiers ou quelques branches seches, & d'autres vertes. La coupe en est deffenduë aux usagers.

BOIS GISANT, Celuy qui est coupé ou abatu & couché sur terre.

BOIS MORT, Celuy qui est seché sur pied, qui n'a plus de seve.

MORT-BOIS, est celuy qui est expliqué & designé dans la Charte Normande accordée par Louïs X. en 1313. Il y en a neuf especes, saux, marsaux, espines, puisnes, aulnes, le seur ou sureau, genest, genievre, & ronces. Dans l'Ordonnance de François I. sur le fait des Chasses, Art. 55. le Roy declare que pour ôter toute difficulté sur ce qu'on doit appeller bois-mort & mort-bois, il veut qu'on suive l'interpretation & la restriction qui est contenuë en la Charte aux Normands du Roy Louïs X. Les Ordonnances posterieures y sont conformes. Ce mot s'est dit, selon quelques-uns, par corruption pour maubois ou mauvais bois, qui ont voulu y comprendre tout le bois en estant qui n'avoit ni fruit, ni graine, comme on voit dans la Coûtume de Nivernois. Cependant il y a bien d'autres arbres qui ont vie, & qui ne portent point de fruit, qui ne sont pas renfermez dans le petit nombre d'especes que l'Ordonnance met sous ce nom de mort-bois, qui n'est en usage que suivant les restrictions qui y sont comprises. Le mort-bois n'est point sujet au tiers & danger.

BOIS BLANC, est le peuplier, le bouleau, le tremble, & autre bois leger & peu solide. Il n'y doit avoir que le tiers au plus de bois blanc dans la voye de bois de corde ou à brusler, suivant l'Ordonnance.

BOIS EN GRUME, est tout le bois qu'on ameine sans être équarri, qui est avec son écorce, & tel qu'il est sur pied, comme sont les pilotis & plusieurs bois de charronnage & d'ouvrages. Il y a des regles pour reduire le bois en grume au quarré, c'est à dire, pour sçavoir combien un arbre sur pied de tant de pourtour donnera de pieds de bois équarri.

BOIS CHABLIS, sont des bois abatus ou rompus par les vents, soit par le pied, soit ailleurs, au corps, ou aux branches, ou desracinez. On l'appelle aussi caable ou bois versé. Tous les arbres de condamnation pour forfaiture ou delit y sont aussi compris.

BOIS ENCROÜÉ, est un arbre qui en l'abatant est tombé sur un autre, & dont les branches sont engagées les unes dans les autres. L'Ordonnance deffend d'abatre les bois sur lesquels d'autres sont encroüez.

Le BOIS consideré selon ses defauts, est premierement le bois roulé : c'est du bois où les cruës de chaque année n'ont point fait corps ensemble, mais sont demeurées de leur espaisseur sans aucune liaison. Ce bois ne peut être debité ni en fente, ni en autre marchandise.

BOIS TRENCHÉ, est celuy qui a le fil de travers, qui au lieu de suivre le long de l'arbre, le traverse d'un côté à l'autre de l'écorce. Il ne peut être employé à la fente, & il se casse aisément.

BOIS CHARMEZ, sont des bois auxquels on a fait quelque chose pour les faire mourir ou tomber.

BOIS ARSINS, sont des bois où a été le feu, soit qu'on l'y ait mis par malice, soit qu'il y ait pris par accident.

On appelle louppes de bois, des bosses ou gros noeuds qui s'élevent sur l'écorce.