s. m. Vaisseau fait de toile, propre à enfermer & à transporter des grains, & autres choses liquides de cette nature, qui sont sujets à s'espancher. A la campagne on l'appelle poche. Joseph le Patriarche fit mettre à la gueule, à l'entrée du sac de Benjamin sa couppe pour mettre en peine ses freres. Un sac de bled, de farine, de noix, de charbon, de plastre. Ce mot vient de l'Alleman, ou Flaman scaeken, qui signifie rapt ou rapine, d'où les Auteurs de la basse Latinité ont fait scachus. Menage.

SAC, se dit aussi de semblables vaisseaux qui servent à divers petits usages. Un sac d'argent de mille francs, de douzains. Un sac de nuit, où on serre la toilette, & qu'on porte en voyage. Un sac de dragées, & où on met des espiceries. Les Dames font porter à l'Eglise un carreau avec leur sac où sont leurs Heures.

SAC À TERRE, en termes de Fortification, se dit d'un grand sac plein de terre, qui sert à faire un retranchement, un espaulement à la haste, un parapet & des embrasures, pour se couvrir, ou faire feu sur l'ennemi : ce qui se pratique, lors que le terrain est de roche, & qu'on a de la peine à y remuer la terre.

SAC, signifie aussi un habit de toile grossier qu'on porte par penitence. Les Juifs vestoient le sac & le cilice dans les calamitez publiques. On dit que St. Hilarion ne lava jamais ni ne quitta le sac dont il étoit vestu. On dit aussi d'un habit trop large ou mal taillé, que c'est un sac, qu'on y entre comme dans un sac.

SAC, en termes de Palais, se dit de celuy où l'on met les papiers d'un procés. Cette partie a chargé un tel Advocat de son sac. Ce Conseiller aime le sac, il ne songe qu'à vuider son sac, c'est à dire, à gagner beaucoup d'espices. Ce procés contient tant de sacs enfermez dans un sac commun. On appelle aussi sac commun chez les Procureurs, celuy où sont les pieces de rebut d'une partie qui n'ont pas été produites. On appelle Greffier garde-sacs, celuy qui a le depost du Greffe, qui est chargé des productions. Il couste à mettre les sacs au Greffe, & à les retirer.

SAC, en termes de Chirurgie, se dit du fond d'une playe qu'on n'a pas laissé assez suppurer, ensorte qu'il y est demeuré du pus, qui dans la suite s'est tourné en abscés. Il saut fort dilater une playe, de peur qu'il ne s'y forme un sac.

SAC, en termes de Guerre, se dit aussi du pillage d'une ville prise d'assaut, qu'on abandonne à la fureur des soldats. Les Turcs mettent à sac les villes qu'ils forcent. Le sac de Troye, de Rome, &c. Quelques-uns croyent que cette façon de parler vient de mettre à sec.

SAC, se dit proverbialement en ces phrases. Juger un procés sur l'etiquette du sac, c'est à dire, sans voir les pieces, decider une chose sans s'en vouloir bien instruire. Il faut voir le fond du sac, pour dire, s'instruire d'une affaire à fonds, ou aller jusqu'à la conclusion. On dit qu'une affaire est dans le sac, pour dire, qu'on est assûré qu'elle reüssira. On appelle un yvrogne, un sac à vin ; & un scelerat, un homme de neant, un homme de sac & de corde. Ce proverbe vient du mot sak, qui chez les vieux François signifioit forfait, & sacha, une peine ou amende judiciaire : ce qui venoit du mot Saxon sach, signifiant un procez. Du Cange. On dit de ceux qui disent beaucoup d'injures & de saletez, Il ne sçauroit sortir du sac que ce qui y est. On dit aussi, Tirer d'un sac deux mourures, pour dire, Se faire payer deux fois d'une même chose, en vouloir profiter des deux côtez. On dit aussi, qu'on a donné à quelqu'un son sac & ses quilles, pour dire, qu'on luy a donné son congé, qu'on l'a chaslé. On dit aussi, Se couvrir d'un sac mouillé, pour dire, Se servir d'une méchante excuse. On dit aussi, qu'un homme a perdu la meilleure piece de son sac, quand il a perdu celuy qui luy donnoit une puissante protection. On dit encore d'un prodigue, que c'est un sac percé, qu'on ne le sçauroit enrichir. On dit aussi, Autant peche celuy qui tient le sac, que celuy qui met dedans, pour dire, que les receleurs & les voleurs meritent une égale punition. On dit aussi d'un homme qui a fait beaucoup de crimes, que le sac est plein, qu'il est temps qu'il soit puni de ses demerites. On dit qu'il faut trois sacs à un plaideur, un sac de papiers, un sac d'argent, & un sac de patience.

On appelle cu de sac, une ruë qui n'a qu'une issuë ou une ouverture comme le fond d'un sac.