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Catégorie : Anatomie
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s. f. Terme d'Anatomie. Partie du corps des animaux située en l'hypocondre gauche à l'opposite du foye. Sa partie cave est tournée vers le foye & le ventricule, & la gibbeuse vers les extremitez des espines des costes. Elle est de figure longue & quadrangulaire, & ressemble à une langue de boeuf. Hippocrate la compare à la plante du pied d'un homme. Sa chair est comme du sang caillé, rare & lasche comme une éponge, propre pour recevoir & boire les grosses humeurs du foye. Galien dit que l'usage de la rate est de nettoyer le sang feculent, & d'attirer l'humeur melancholique : & pour cela quelques-uns l'ont appellée faux foye, & d'autres l'organe du ris ; d'où vient qu'on dit de ceux qui se réjouïssent, qu'ils s'épanouïssent la rate. La rate n'est autre chose qu'un tissu de veines, d'arteres & de fibres nerveuses entrelacées ensemble ; & ce tissu qui fait sa substance, est ce qu'on appelle le parenchyme de la rate. Il est recouvert d'une membrane composée aussi de fibres nerveuses capables de constriction & de dilatation. Sa membrane vient du peritoine, & ses veines du rameau splenique ; & il y a un petit nerf inseré qui vient de la sixiéme conjugaison du cerveau. C'est une maxime, que la plus grande rate est toûjours pire que la plus petite : car quand elle s'enfle, elle rend toûjours le corps mal composé. On dit qu'on oste la rate aux Couriers du Grand Seigneur, afin qu'ils courent mieux : mais c'est une fable, car un homme ne sçauroit vivre sans rate, quoy qu'on ait veu des chiens vivre quelque temps aprés qu'on la leur avoit ostée. Mr. Zambeccari a fait un Traité touchant divers animaux qui ont vécu sans aucune incommodité sensible, non seulement aprés l'extirpation de la rate, mais aussi de l'un des reins & d'une partie des boyaux. Malpighi a fait un Traité sur la rate & sur les reins. Les animaux qui ont peu de sang limonneux n'ont point de rate.

L'Empereur Trajan appelloit le Fise, la rate de l'Empire, parce que plus la rate s'enfle, plus le reste du corps diminuë. Ainsi plus le Fisc s'enrichit, plus le peuple s'appauvrit.

On dit proverbialement & ironiquement à ceux qui tiennent quelque discours ridicule & peu vraisemblable, Vous avez bon foye, Dieu vous sauve la rate.