v. act. & neut. Jetter des pierres ou autres choses offençantes contre quelqu'un. Goliat fut tué d'un coup de pierre que luy rua David avec sa fronde. Les Anciens avoient de belles machines pour ruer de gros quartiers de pierres dans les villes. On dit aussi absolument, Ce frondeur ruë d'un bord de la riviere à l'autre, fort loin.

RUER, signifie aussi, Se jetter sur quelque chose avec impetuosité. Les Sergents se sont ruez sur cet homme-là, & l'ont entraisné en prison. Le peuple dans les seditions se ruë sur les Maltotiers. Il s'est rué en desesperé au milieu des rangs ennemis. Toutes les Dames se sont ruées sur la friperie de ce medisant. Quand ce goinfre est à table, il se ruë sur les meilleurs morceaux. On se ruë d'abord sur la grosse viande pour appaiser la grosse faim. Quand cet enfant eut reconnu sa nourrice, il s'alla ruer à son cou.

RUER, se dit aussi des chevaux, mulets, & asnes qui pour se deffendre eslancent les pieds de derriere. Il faut se garder du devant d'une femme, & du derriere d'une mule, à cause qu'elle est sujette à ruer.

RUER, se dit proverbialement en ces phrases. Voilà une chose qui ne mord, ni ne ruë, pour dire, qui ne peut faire ni bien ni mal. On dit d'un vieillard, que ses plus grands coups sont ruez, pour dire, qu'il devient impuissant.