s. m. Confection ou meslange de drogues dont on fait un breuvage, & même un remede, qui nous est venu des Espagnols, qui l'ont apporté des Mexicains, chez lesquels ce mot de chocolate signifie simplement confection. D'autres disent que c'est un mot Indien composé de latté, qui signifie de l'eau, & de choco, mot qui est fait pour exprimer le bruit avec lequel on le prepare, comme témoigne Thomas Gage. Sa base ou principale drogue est le cacao, fruit d'un arbre du même nom. Anthoine Colmenero de Ledesma Chirurgien Espagnol en a fait un Traitté, & voicy la composition qu'il en fait, qui est la plus usitée.

Sur un cent de cacao on mesle deux grains de chile ou poivre de Mexique, ou en sa place du poivre des Indes, une poignée d'anis, de ces fleurs qu'on appelle petites oreilles, ou dans le pays vinacaxtlides, & deux autres qu'on nomme mecachusie, ou au lieu de celles-cy, la poudre de six roses d'Alexandrie, appellées roses pâles, une gousse de campesche, deux drachmes de canelle, une douzaine d'amandes & autant de noisettes d'Inde, & la quantité d'achiotte qu'il faudra pour luy donner couleur. Toutes ces plantes sont decrites par de Laët. On broye le tout, on en fait une paste ou conserve avec de l'eau de fleur d'orenge, qui le durcit fort ; & quand on en veut prendre, on le delaye dans de l'eau bouillante avec un moulinet.

Il n'en faut pas boire durant les jours Caniculaires, ni de celuy qui est frais fait depuis un mois. Le Pere Escobar dit qu'étant pris en liqueur, il ne rompt point le jeusne, quoy que ce soit un mets tres-nourrissant. Le Cardinal François Marie Brancaccio en a fait un Traitté particulier pour soustenir la même opinion, quoy que Stabbe Medecin Anglois ait fait un autre Traitté qui montre qu'en tire plus d'humeur nourrissante d'une once de cacao, que d'une livre de boeuf, ou de mouton. Il est si commun en la nouvelle Espagne, qu'il consume par an plus de 12. millions de livres de sucre. Les Espagnols estiment que la derniere misere où un homme puisse estre reduit, c'est de manquer de chocolate, car c'est leur boisson ordinaire. Ils ne la quittent que quand ils peuvent avoir quelque autre boisson qui enyvre. On dit qu'il aide à la digestion, qu'il rafraischit les estomacs trop chauds, & qu'il eschauffe ceux qui sont trop froids. Mr. Du Four a aussi fait un Traitté du Chocolate, du Thé & du Caffé. Barthelemy Maradon Medecin Espagnol a condamné l'usage du chocolate. Chaque livre de chocolate vaut à Mexique 52. s.