s. f. Destitution d'une charge, d'une dignité, d'un degré d'honneur. La degradation d'un Prestre, d'un Gentilhomme, d'un Officier, se fait avec plusieurs ceremonies. Celle qu'on faisoit autrefois pour la degradation de Noblesse est curieuse, & merite d'estre icy rapportée aprés Geliot & la Colombiere. Elle fut pratiquée du temps de François I. contre le Capitaine Fangel qui avoit rendu lâchement Fontarabie. On assembloit vingt ou trente Chevaliers sans reproche, devant lesquels le Gentilhomme étoit accusé de trahison & de foy mentie par un Roy ou un Heraut d'armes. On dressoit deux eschaffauts ; l'un pour les Juges assistez des Rois, Herauts & Poursuivants d'armes ; l'autre pour le Chevalier condamné, qui étoit armé de toutes pieces, & son écu planté sur un pieu devant luy, renversé & la pointe en haut. A costé assistoient douze Prestres en surplis qui chantoient les Vigiles des morts. A la fin de chaque Pseaume ils faisoient une pause, pendant laquelle les Officiers d'armes despouilloient le condamné de quelque piece de ses armes en commençant par le heaume, jusqu'à ce qu'ils l'eussent dépouillé tout à fait, & puis ils brisoient l'écu en trois pieces avec un marteau. Ensuitte le Roy d'armes renversoit un bassin plein d'eau chaude sur la teste du condamné. Aprés les Juges prenoient des habits de deuil, & s'en alloient à l'Eglise. Le degradé étoit descendu de l'eschaffaut par une corde attachée sous ses aisselles, & mis sur une civiere, & couvert d'un drap mortuaire ; & les Prestres chantoient encore à l'Eglise quelques prieres pour les trepassez ; & puis on le livroit au Juge Royal, & à l'Executeur de la haute Justice. Lire la suite...