s. f. Racine qui vient du Royaume de Boutan aux extremitez de l'Inde, qui est fort purgative, & qu'on mêle dans les medecines, particulierement pour purger la bile. On fait des poudres, des extraits de rheubarbe. Elle n'est pas sauvage, comme quelques-uns ont pensé, mais elle se cultive dans les jardins, & sur tout en la Province de Xensi, & de Suchen en la Chine. C'est de là que ceux du Thibet & du Mogol, qui y vont souvent, ont accoustumé de l'apporter en Turquie, d'où elle vient en France. Elle est jaune ou rousse en dedans, marquetée de rouge. Sa substance est compacte & pesante. Elle est d'un goust amer & astringent, & d'une bonne odeur. Quelques Medecins ont estimé que la rheubarbe est la même plante que le rhapontium des Anciens, dont parle Dioscoride, qui est une racine noire semblable au grand centaureum, qui a pris son nom du fleuve Rha, qui arrose une Province du Pont. Mais il est certain que les Anciens n'ont point connu la rheubarbe, non plus que nous ne connoissons point le rhapontique. Saumaise dit qu'on l'a appellée rheubarbarum par corruption de rha barbaricum. Fuchsius dit qu'on l'a appellée rha barbarum, à cause qu'elle fut premierement apportée de Barbarie au retour du voyage que fit Charles-Quint à la Goulette. Matthiole dit qu'elle vient de l'Ethiopie Troglodytique, que les Anciens appelloient Barbarica : mais toute celle dont on use maintenant vient des Indes Orientales.