adv. qui se dit à ceux qui ont été trompez, qui croyoient avoit trouvé quelque bonne fortune, ou qui vouloient attraper les autres. On tend des pieges à des gens pour avoir le plaisir de crier aprés eux au renard.

RENARD, se dit proverbialement en ces phrases. Un renard n'est pas pris deux fois à un piege. Un bon renard ne mange point les poules de son voisin. On dit que tous les renards se trouvent chez le Pelletier : & de là vient un autre proverbe qu'on dit en se quittant, A se revoir chez le Pelletier, pour dire, que quelque fin qu'on soit, la mort nous attrape, & que nous irons tous au même lieu. On dit aussi de celuy qui méprise une chose qu'il ne peut avoir, Autant en dit le renard des mures, elles sont trop vertes. On dit encore de celuy qui prend une chose pour l'autre, qu'il prend martre pour renard. On dit de ceux qui demeurent dans une maison qui fume, qu'ils sont enfumez comme des renards. On dit qu'il faut coudre la peau du renard à celle du lion, pour dire, qu'il faut user de finesse pour vaincre un ennemi plus fort. On dit d'un faux devot delicat, qu'il se donne la discipline avec une queuë de renard. On dit, Se confesser au renard, pour dire, Découvrir son secret à celuy qui en tire avantage, ou qui a interest d'empêcher l'affaire. On dit aussi populairement, Escorcher le renard, en parlant d'un yvrogne qui rend gorge & vomit ce qu'il a mangé. On dit aussi, que le renard cache sa queuë, pour dire, que les gens adroits cachent leurs finesses. On dit aussi, Le renard est pris, laschez vos poules, pour dire, il n'y a plus de danger à sortir. On dit aussi, que le renard presche aux poules, lors qu'un signalé imposteur deniaise quelque lourdaut. On appelle une toux de renard qui conduit au terrier, une toux envieillie & qui dure jusqu'à la mort. On dit aussi, que le renard a pissé sur du raisin, quand le raisin blanc est devenu roux pour avoir été exposé au seleil.

Le renard marin est un gros poisson du genre des cetacées, cartilagineux, non plats, que les Auteurs appellent galeodi, dont les Anciens ont fait six especes, canicula, acanthias, mustelus, galexias, asterias, & alopecias, qui est le renard marin. Leur difference generique, c'est d'avoir deux foyes, cinq ouïes ou bronchies de chaque costé, & des pointes pendantes aux nageoires, qui sont sous le ventre du costé du nombril. La difference specifique du renard marin se prend de sa queuë, qui represente parfaitement une faulx. On en a dissequé un à l'Academie Royale des Sciences, dont la longueur étoit de huit pieds & demi, & sa plus grande largeur de quatorze pouces. Sa queuë étoit aussi longue que tout le reste du corps. Il avoit une grande creste élevée sur le milieu du dos, & une petite vers la queuë ; trois nageoires de chaque costé semblables aux aîles d'un oiseau plumé ; sa peau lissée & sans écailles, d'un gris fort brun ; ses crestes & nageoires dures, composées d'arestes couvertes de peau. Il avoit cinq ouïes de chaque costé, les yeux gros comme ceux d'un boeuf, & presque point de cervelle. L'ouverture de sa gueule étoit de cinq pouces, armée de deux sortes de dents. Sa mâchoire superieure jusqu'à l'endroit où sont les canines des autres animaux avoit un rang de dents pointuës en forme de scie, qui étoient toutes d'un seul os. Le reste de cette maschoire & toute l'inferieure avoient six rangs de dents par tout, qui étoient mobiles & de figure triangulaire & aiguës. Sa langue étoit adherente à la mâchoire inferieure, & étoit aspre & rude, revêtuë de petites pointes luisantes, composées de plusieurs os fermement articulez ensemble par une chair fibreuse. Il avoit le gosier large, aussi-bien que l'oesophage, & le ventricule, dans lequel ce poisson cache ses petits, quand ils ont peur, en les avalant pour les revomir ensuite, comme disent quelques Auteurs. Elian écrit qu'il se defait de l'hameçon en le vomissant avec son ventricule qu'il retourne comme un habit. Quelques-uns ont pris ce poisson pour l'accipenser.