v. act. Esbransler pour mettre en mouvement, ou arracher. Il faut dix hommes pour esmouvoir cette cloche, pour l'esbransler, pour la mettre en mouvement. A force de leviers on arrachera bientost ce pieu, il commence à s'esmouvoir. Ce bastion commence à s'esmouvoir, il est esbranslé. Ce mot vient du Latin emovere.

ESMOUVOIR, se dit plus particulierement de ce qui est plus subtil dans les corps qu'on met en mouvement par quelque chaleur ou remede. Le Soleil de Janvier esmeut les vapeurs, les brouillards, mais ne les peut resoudre, dissiper. Cette dose de sené pourra esmouvoir les humeurs, mais elle n'est pas assez forte pour les expulser. Les temperaments secs sont plus difficiles à esmouvoir que les autres. Les vents esmeuvent la mer. Les tempestes esmeuvent les sables, la poussiere. Le pous s'esmeut quand on a la fievre. La colique vient des vents qui sont esmeus dans le corps.

ESMOUVOIR, se dit figurément en Morale des passions. La science d'un Orateur est de bien sçavoir esmouvoir les passions. La misere esmeut la pitié. Les injures esmeuvent la colere. Un Stoïque ne s'esmeut point, quelque accident de fortune qui luy arrive. Il ne s'est esmeu que quand on l'a accusé de trahison. Parle sans t'esmouvoir. Il s'est laissé esmouvoir par les cris & les larmes de cette veuve.

ESMOUVOIR, se dit aussi en cas de seditions & de querelles. Le peuple commençoit à s'esmouvoir à la publication de cet Edit : il est plus difficile à calmer qu'à esmouvoir. C'est un tel qui a esmeu la noise, qui a commencé la querelle. De legers sujets ont souvent esmeu de grandes guerres.

ESMOUVOIR, se dit proverbialement en ces phrases. L'objet esmeut la puissance. On dit aussi, qu'il ne faut pas esmouvoir les frelons, pour dire, qu'il ne faut point se susciter d'ennemis, quelques petits qu'ils soient. On dit aussi d'un homme prompt & colere, que sa bile est aisée à esmouvoir.