s. m. Qui surmonte, qui deffait son ennemy, qui le met sous son pouvoir.

Je chante le Vainqueur des Vainqueurs de la terre.

C'est ainsi que Scuderi commence son Alaric. Les vainqueurs aux Jeux Olympiques recevoient de grands honeurs.

VAINQUEUR, se dit figurément en choses morales. Le Sage est toûjours vainqueur de ses passions. Un tel écolier est demeuré vainqueur en ce combat d'esprit. Personne ne peut resister à cet oeuil vainqueur.

VAIR s. m. Terme de Blason. C'est une fourrure faite de plusieurs petites pieces d'argent & d'azur à peu prés comme un U de Hollande, ou comme une cloche de melon. Les vairs ont la pointe d'azur opposée à la pointe d'argent, & la base d'argent à celle d'azur. Ce mot vient de varius, selon Nicod.

BEFFROY DE VAIR, se dit, quand il n'y a que deux ou trois pieces de vair ; & les anciens Blasonneurs l'ont appellé gros vair ou grand vair : car quand il y en a quatre, c'est ce qu'on appelle proprement vair ; & quand il y en a davantage, menu vair. On tient que les Seigneurs de Coucy ont été les premiers qui ont porté en Armoiries des pannes de vair.

MENU VAIR, étoit une espece de panne blanche & bleuë dont les Rois usoient autrefois en France, au lieu de fourrure, dont les manteaux des Presidents à Mortier étoient doublez jusqu'au XV. Siecle, aussi-bien que les robbes des Conseillers de la Cour. Les habits de ceremonie des Herauts d'armes en étoient aussi doublez ; & les femmes de qualité s'en habilloient aussi ; & il étoit deffendu aux ribaudes d'en porter, aussi-bien que des ceintures dorées, des robbes à collet renversé, des queuës & boutonnieres à leurs chapperons, par un arrest de l'an 1420. Cette fourrure étoit faite de la peau d'une espece d'escurieu qu'on nommoit aussi vair, en Latin sciurus, qui étoit blanche pardessous, & colombine pardessus. Les Pelletiers l'appellent à present escurieu de Hollande, ou petit-gris. On la diversifioit en grands ou petits carreaux, qu'on appelloit grand vair, ou petit vair. Cet animal est décrit par Aldroandus en parlant de sciuro vario, qui dit qu'il a le dos d'un gris qui approche assez du bleu, & le dessous du ventre blanc. C'est le même, selon Gesner, que le mus Ponticus d'Aristote & de Pline, que les Latins appellent varus, à cause de la varieté de ses couleurs. Ces deux peaux jointes ensemble font la figure des vairs d'Armoiries, qui sont naturellement d'azur & d'argent. On appelle ces fourrures pannes, à cause qu'elles sont composées de plusieurs pieces ou peaux cousuës ensemble, comme autant de pans ou de paneaux d'un habit. Quelques Anciens les ont nommées peaux vairées. On tient que les robbes vairées étoient l'habit des Gaulois, comme les hermines l'étoient des Armeniens, suivant Julius Pollux.

On appelle vair affronté, lors que les vairs ont leurs pointes tendantes au coeur de l'Escu ; & vair appointé ou vair en pal, quand la pointe d'un vair est opposée à la base de l'autre ; & on appelle vair contre vair, lors que les vairs ont le metail opposé au metail, & la couleur opposée à la couleur : ce qui est contraire à la disposition ordinaire du vair.