ESPERVIER, ou Esprevier. s. m. Oiseau de proye qui est la femelle du mouchet. Un bon espervier a la teste ronde, le bec gros, les yeux cavez avec un cerne entre verd & blanc autour de la prunelle de l'oeuil, le sourcil blanc, le col longuet, les espaules bossuës. Il doit estre affilé devers la queuë avec des pennes pointuës comme le bout d'une espée, qui soient traversines ou de travers, grosses & vermeilles ou rousses. Il est bon aussi, quand il a la couverte noire, & la maille ou tache noire & blanche, quand il a les pieds desliez, les ongles noirs & petits, quand il n'est pas trop haut assis, & sur tout quand il est familleux. On le fait voler les faisans, les perdrix, les cailles, & en quelques lieux le merle, la grive, la pie & le geay. Un esprevier rend toute une cagée d'oiseaux francs de peage. Les meilleurs viennent d'Esclavonie.

Il y a vers les Antilles des esperviers marins, qui lors qu'ils sont trop esloignez du rivage, passent la nuit sur le dos des tortuës qui dorment dans la mer, s'y espluchent, s'y divertissent, & y font toutes les actions naturelles, y en ayant de si grandes, qu'elles ont bien trois pieds de large. Ce mot vient de sparvarius, qui se trouve dans la Loy Salique ; & de l'Alleman sparwer ou sperber. Menage. Il vient plûtost de sparfell, vieux mot Celtique ou Bas-Breton signifiant esprevier. Quelques Auteurs l'appellent frangillarius.

On appelle un esprevier ramage, celuy qui a volé par les forests, & qui a été à soy. Un esprevier royal, qui a été pris au nid, nourri & façonné pour giboyer à plaisir.

On dit proverbialement, Mariage d'esprevier, où la femelle vaut mieux que le masle.

ESPREVIER, est aussi un filet de Pescheur qui s'estend par enbas en un grand rond, & qui aboutit en cone. Quand on l'a jetté ainsi estendu, on resserre l'ouverture par le moyen de ses nerfs, qui sont des cordes attachées en quelques endroits de la circonference, & tout le poisson qui est dessous se trouve pris. Voilà un beaucoup d'esprevier. Il y a de l'adresse à bien jetter l'esprevier.