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s. f. Action par laquelle on teint. La teinture demande beaucoup d'experience. Cet homme est sçavant en l'art de la teinture. La perfection de la teinture consiste à donner le lustre à la soye, à la bien decreuser, degorger & aluner. La matiere avec laquelle on teint, c'est l'indigo, qui sert à la teinture bleuë, la cochenille à la teinture en escarlate, la noix de galle en noir. Les drogues qui croissent en France pour la teinture sont le pastel de l'Auragais, Albigeois & Languedoc, ou la voüede. La cochenille, le pastel d'escarlate, graine d'escarlate, le vermillon & la garence pour le rouge ; la gaude, la sarrette & la genestrolle pour le jaune ; la gale à l'espine, & d'Alep, la racine, escorce de noyer & coque de noix pour le fauve, autrement appellé couleur de racine ou noisette ; le rodoul, le fovic & la coupperose pour le noir. L'agaric, le sumach, l'arsenic, l'alun, la gravelée & le tartre servent pour les bouillons. On employe aussi la cendre cuite & la potasse, la cassenolle, la malherbe, le trentanel, la garouille. Les ingrediens faux qui peuvent servir au petit teint, sont bois d'Inde, bois de Bresil, bois de Campeche, bois jaune, fustel, tournesol, raucour, orseille, le safran bastard, & l'escorce d'aulne. Ces mots sont expliquez à leur ordre.

La teinture de ces estoffes de coton qu'on voit en Europe se tire d'une plante qui croist dans l'Inde, qu'on appelle chai, où elle est autant estimée, que la cochenille l'est en France.

Regnier a dit agreablement parlant de la nuit :

Il faisoit un noir-brun d'aussi bonne teinture,

Que jamais on en vit sortir des Gobelins.

On appelle en Chymie la grande teinture minerale, la Pierre Philosophale, parce qu'on croit qu'il ne s'agit que de donner au mercure fixé la couleur ou teinture de l'or.

TEINTURE, se dit aussi de l'extraction ou separation qu'on fait de la couleur d'un ou de plusieurs mixtes, & de l'impression qu'elle fait dans quelque liqueur ou menstruë propre, qui emporte une portion de leur plus pure substance ; car elle quitte son propre corps en se dissolvant, & s'unit aux menstruës pour leur communiquer sa couleur & ses vertus : & ainsi on fait dans la Pharmacie des teintures cephaliques, stomachiques, antiscorbutiques, &c. On tire des teintures de rose & de corail, &c. Dans les Memoires de l'Academie des Sciences il est fait mention de certaines liqueurs mixtes, par exemple, des sels qu'on tire du bled, qu'on dit estre tres-propres à tirer des teintures, même de quelques pierres precieuses, & qu'elles sont plus capables de produire cet effet, à proportion qu'elles rougissent davantage la solution du vitriol.

TEINTURE, se dit figurément en choses morales, des bonnes ou mauvaises impressions dont l'ame de l'homme est susceptible. On prend dans les Seminaires de si fortes teintures de pieté, qu'elles ne s'effacent jamais. On ne doit point parler de Physique, lors qu'on n'en a qu'une legere teinture, qu'on ne la sçait point à fonds.