s. f. Train de vie, ou d'actions ordinaires, qui étant plusieurs fois repetées, donnent une habitude ou facilité de les faire quand on veut. La coustume rend toutes choses faciles. Le Sage qui veut estre long-temps en santé, doit vivre comme il a de coustume, ne faire point d'excez. Ce mot est derivé à consuetudine, par contraction. Du Cange dit qu'en la basse Latinité on a dit custuma, custumarius, & custumare.

COUSTUME, se dit aussi des choses qui se font ordinairement & naturellement, même par les animaux & par les corps inanimez. On dit que les élephants ont coustume de saluer tous les matins le Soleil. A Paris le Soleil a coustume de se lever en esté à quatre heures, en hiver à huit. Les arbres ont coustume de pousser au printemps. Les rossignols ont coustume de chanter au mois de May.

COUSTUME, se dit aussi des moeurs, des ceremonies, des façons de vivre des peuples qui sont tournées en habitude, & qui ont passé en usage ou en force de loy. Les Relations des Voyageurs nous apprennent d'estranges coustumes des peuples éloignez. Ils sont preoccupez de la bonté de leurs coustumes, comme nous des nôtres. On dit en ce sens, qu'une fois n'est pas coustume. Il n'en faut pas faire mestier, coustume. Il ne faut pas laisser perdre les bonnes coustumes.

COUSTUME, presque en ce sens, se dit des choses qui étoient d'abord volontaires, & qui sont devenuës necessaires par l'usage. Les estreines sont passées en coustume. Les presents qu'on fait aux nouveaux mariez, que font les Officiers à leur reception en des charges, sont deus, parce qu'ils sont passez en coustume.

COUSTUME, se dit aussi d'un droit qu'on paye ordinairement comme une espece de peage aux passages des villes, & le plus souvent à l'entrée des Baillages & Vicomtez pour l'entretien des ponts & passages, dont on ne connoist point l'origine ni l'établissement. On met un morceau de bois tourné & attaché au bout d'une perche, pour signal aux Voituriers qu'il faut payer ce droit ; & on l'appelle billot, ou billette : sur quoy on a fait ces vers :

Ce billot suspendu qui a l'air se consume,

Advertit le Marchand d'acquiter sa coustume.

On appelle en quelques lieux petite coustume, le payement d'un denier pour boeuf ; & la grande coustume, celuy de quatre deniers. Les Ecclesiastiques appellerent autrefois loüables coustumes, les droits que le Clergé levoit sur les gens d'Eglise, comme decimes, annates, deports, proficiats, &c. contre lesquels Pasquier a fait de fortes invectives. On a appellé coustumes Episcopales, certains deniers ou tributs qu'ils faisoient payer à Pasques.

COUSTUME, a signifié aussi autrefois un revenu annuel en bled, vin & autre chose payable au Seigneur qui avoit donné l'heritage à cette condition. Ainsi on disoit, Prendre un heritage à coustumes, pour dire, à certaines charges specifiées, ou selon l'usage ordinaire des lieux. On a appellé aussi droits de coustumes, d'autres sortes de droits establis par les Seigneurs dans les marchez sur les denrées par l'usage & la coustume des lieux.

COUSTUME, signifie aussi le droit particulier ou municipal étably par l'usage en certaines Provinces, qui a force de loy depuis qu'il a été redigé par écrit. Les Coustumes generales de France sont comprises en deux Volumes. Guenois a fait un beau travail pour la conference des Coustumes. Dans le siecle passé on a envoyé des Commissaires pour reformer la plus-part des Coustumes. Bartole dit que les Coustumes ont été introduites pour adjouster ou pour deroger au Droit commun ; & partant il suppose qu'il est plus ancien. Il y a aussi des Coustumes locales, qui sont en usage dans des lieux ou Seigneuries particulieres. La Coustume de Normandie est appellée la sage Coustume. La Coustume de Paris sert de regle pour toutes les autres Coustumes, quand elles n'ont point de dispositions contraires. Du Moulin, Tournet ont commenté la Coustume de Paris ; Buridan celle de Rheims ; d'Argentié celle de Bretagne ; l'Abbé & Ragueau celle de Berri ; Chaslané celle de Bourgogne, &c. On appelle aussi un pays de Coustume, par opposition au pays de Droit écrit, celuy qui est regy par une Coustume particuliere. C'est un point de Coûtume, un article, une question de Coustume.

On dit aussi, Suivant les us & coustumes du pays, les us & coustumes de la mer. Voyez Us.

COUSTUME, se dit proverbialement en ces phrases. C'est la coustume de Lorris, où le battu paye l'amende : ce qui se dit, quand un homme qui a sujet de se plaindre est encore condamné. Cet article ne se trouve point dans la Coustume de Lorris, mais bien dans un vieux Tiltre de l'an 1448. qui est une confirmation des privileges de Lorris faite par le Roy Philippes, où il est dit que quand quelqu'un des combattans en gage de bataille étoit vaincu, le pleige étoit obligé de payer cent douze sols d'amende ; ce qui ne se faisoit point dans tous les autres lieux en de semblables combats. C'est une remarque qu'a fait Pasquier. Mais d'autres adjoustent que cela avoit aussi lieu en d'autres endroits, comme on voit dans la vie des Evêques de Mets, en un temps où tous les differends se vuidoient en champ de bataille & à coups de main ; & alors les battus payoient l'amende. Mais quelques-uns disent que c'est la mauvaise intelligence de ce proverbe qui cause de l'estonnement ; car la loy voulant que ceux qui battent les autres soient punis, elle s'est expliquée en ces termes qui tiennent de l'apostrophe, Le bas-tu ? paye l'amende.