s. m. Vermine qui s'engendre sur les animaux, qui les pique, les mord, & leur succe le sang. Il y a une belle figure du pou dans la Micrographie de Mr. Hoock. Elle est longue d'un pied, telle qu'il l'a veuë avec son excellent microscope. Le pou a un grouin fait comme celuy d'un pourceau. Ses yeux sont derriere ses cornes. Il a plusieurs pieds, & des griffes garnies d'escailles qui entrent les unes dans les autres, comme celles des escrevisses. Il a un tres-grand nombre de veines thoraciques qui paroissent à travers la peau, qui est diaphane & deliée comme de la corne. Il a sur le ventre une peau marquetée avec un point, ou une tache blanche agitée d'un continuel mouvement de haut en bas, & de bas en haut, qu'on pourroit prendre pour le coeur. On remarque à travers l'escaille plusieurs vaisseaux qui s'enflent par le sang qu'il succe avec son bec, dont la digestion se fait si promptement, qu'on le voit bientost changer de couleur. Il coule par ondes dans son estomach avec tant de violence, qu'il oblige les excrements des intestins à luy ceder la place. Borelli dit qu'il y a observé la circulation du sang par le microscope. Swammerdam dit que le pou a la peau luisante ; que ses yeux & ses cornes sont environnés de poil. A l'extremité de son bec on voit une petite eminence qui peut bien servir d'estuy à son aiguillon, à cause qu'il n'a point de bouche qui s'ouvre. Au dessous de la poitrine on voit sortir six jambes, qui se divisent chacune en six parties fort distinctes, dont la peau ressemble assez à du cuir de chagrin. Leur derniere partie est armée de deux ongles ou pinces d'inégale grandeur. Sur le dos on voit des incisions en forme d'anneaux, des poils & des marques comme celles des verges sur le corps de ceux qu'on a foüettez. Il y a aussi un pou aquatique qui se trouve dans les reservoirs d'eau de puits, qui est depeint par Godard, & amplement décrit par Swammerdam, qui est fort different de l'autre. Sa couleur tire sur le rouge, & il s'en trouve si grande quantité dans les fossez remplis de fange & de bourbe, qu'il semble que l'eau soit changée en sang : & c'est de la qu'est venu l'erreur de ceux qui ont crû qu'autrefois il a pleu du sang.

Dans le Mexique le tribut étoit si universel, que les pauvres qui n'avoient rien à donner, payoient des pous. Il s'en trouva quantité de sacs tous pleins dans le Tresor du Roy Motezume, quand les Espagnols le pillerent. La même chose s'est pratiquée dans le Perou. Ce qui se faisoit, afin que personne ne se pust pretendre exempt de payer le tribut, ou afin d'obliger les pauvres à se nettoyer de cette vermine.

Quelques Philosophes ont dit qu'il y avoit le pou du pou. C'est ce que Swammerdam asseure de tous les insectes, qu'il dit avoir chacun leur vermine. Herodes fut mangé de pous, il mourut d'une maladie pediculaire. Dans le Bresil on trouve des animaux qu'on nomme pous de Pharaon, qui entrent dans les pieds entre la peau & la chair, qui deviennent en un jour aussi gros que des féves, & ils y font une playe qui pourrit le pied.

Il y a aussi une herbe aux pous qu'on appelle pediculaire ; ce qui vient de pediculi. C'est ainsi qu'on nomme en Latin les pous, à cause qu'ils ont un tres-grand nombre de pieds.

POU, se dit proverbialement en ces phrases. Un pou affamé, se dit d'un homme gueux & ardent au gain qui entre dans un employ lucratif. On dit aussi d'un malpropre, qu'il se laisse manger aux pous.