s. m. Vin qui s'est aigri, ou qu'on a fait aigrir exprés, en y mettant quelques esprits acides ; car le vinaigre ne se fait que par l'alteration des parties du vin, & par la predomination de l'acide sur toutes les autres. On confit des concombres, du pourpier, de la percepierre, avec du vinaigre. Le vinaigre sert à mettre aux sauces, aux salades, à rafraîchir les canons. Du vinaigre rosat, de fleur d'orenge, de sureau, de framboise ; du vinaigre de scille, dont Galien fait grand estat. Celuy d'estragon est le plus à la mode. Le vinaigre distillé chez les Chymistes, est un dissolvant ou menstruë fort puissant, sur lequel ils observent que la distillation se fait tout au contraire de celle du vin : car la premiere partie qui sort du vinaigre est un flegme inutile, & ce qui sort le dernier dans l'alembic est le vinaigre distillé ; au lieu que dans le vin, ce qui en sort le premier est l'eau de vie, & ce qui en sort le dernier est insipide. On fait aussi du vinaigre avec de la biere, du cidre, & même avec de l'eau. Les Medecins font aussi un vinaigre theriacal avec du dictame, de l'angelique, de la valeriane, du cardamome, des citrons, & plusieurs autres drogues, dont la composition se trouve dans la Pharmacopée de Charras.

VINAIGRE, se dit proverbialement en ces phrases. On dit d'un homme prompt & colere, peu sociable, que ce n'est que fiel & que vinaigre, que sel & que vinaigre. On appelle un habit de vinaigre, un habit leger qu'on porte quand il fait froid. On dit que la femme a bonne teste, quand le vinaigre de la maison est trop fort. On dit encore, que c'est du bon vin que se fait le meilleur vinaigre, pour dire, que plus une chose est bonne, plus elle est mauvaise quand elle est corrompuë.