s. f. Fosse creusée dans la terre pour faire escouler les eaux d'un marais, d'un pré, pour destourner le cours d'une riviere. Quand une riviere fait des inondations, on fait plusieurs trenchées & canaux pour l'affoiblir. On a desseché des marais en Poitou à force d'y faire des seignées & des trenchées. On appelle aussi trenchées, le fossé qu'on fait dans un terrain pour y construire les fondements de quelque edifice ; dans un jardin pour y planter des arbres. Ce mot vient du verbe trencher. Les Italiens disent aussi trincea.

TRENCHÉE, en termes de Guerre, est un fossé qu'on creuse dans la terre pour approcher à couvert du corps de la place assiegée. Il est large & profond de 7. à 8. pieds, & couppé en talus ; ce qui luy donne le nom de trenchée. On l'appelle autrement ligne d'approche ou ligne d'attaque, & il a un parapet du costé des assiegez. On fait aussi des trenchées sans creuser, en se couvrant de fascines, de gabions, de sacs de laine, ou de terre, quand le terrain est de roche, difficile à creuser, ou sujet à faire des éclats. On appelle une trenchée enfilée, quand de quelque endroit de la place on peut voir dedans en droite ligne. Un boyau de trenchée, c'est l'étenduë de la trenchée jusqu'à ce qu'elle fasse un coude, ou un retour, où l'on fait d'ordinaire des redoutes. Ouvrir la trenchée, c'est commencer de faire des lignes d'approches. On dit qu'on a pris une ville en huit jours de trenchée ouverte, c'est à dire, depuis qu'on a commencé les approches. Monter la trenchée, relever la trenchée, c'est monter, ou descendre la garde a la trenchée. On appelle la queuë de la trenchée, le lieu par où on a commencé d'ouvrir la trenchée. La teste est le lieu où on a porté le travail. On dit que les ennemis ont nettoyé la trenchée, quand ils ont chassé, ou tué les soldats qui la gardoient.

TRENCHÉE, en termes de Medecine, se dit d'une colique, ou d'une douleur de ventre qui est causée par des vents enfermez dans les boyaux. Les femmes prestes d'accoucher ont des trenchées. Les enfans nouveaux nez ont des trenchées. Le sené donne des trenchées, quand il n'est pas bien preparé. Les chevaux meurent souvent de trenchées rouges.

On appelle proverbialement des trenchées de St. Mathurin, des actes de folie qui prennent par intervalles.