s. f. Sorte de Fortification qui se fait en un passage, à un retranchement, à une porte, pour en deffendre l'entrée. Elle est faite de plusieurs grosses pieces de bois fichées en terre à hauteur d'homme, à travers desquelles passent des solives ; & au milieu il y a une barre de bois qui est mobile, qui s'ouvre & qui se ferme quand on veut. Ce mot vient de barreria ou barrera, qu'on a dit dans la basse Latinité en la même signification. On en met aussi dans les cours des grandes maisons, pour empêcher que les carrosses n'approchent trop prés des murs, & ne les gastent, & en tous les lieux où on veut empêcher le passage aux chevaux & aux carrosses.

BARRIERE, est aussi un petit parc fermé de semblable façon, où on fait des combats de taureaux, & où on faisoit des joustes, des tournois, des courses de bague. Les anciens Chevaliers faisoient autrefois plusieurs combats de barriere. si-tost qu'un cheval de bague a franchi la barriere, il court de toute sa force.

BARRIERE des Sergents, est le lieu où se tiennent les Sergents pour attendre de la pratique. Autrefois ils se tenoient sur la barriere qui étoit à la porte de l'Hostel Seigneurial où l'on rendoit la justice, & ils en étoient comme les gardes. Depuis on leur a permis de bastir un petit logement un peu plus loin pour y écrire plus commodément leurs exploits, qui a retenu le nom de barriere.

BARRIERE, se dit figurément en Morale d'un obstacle, d'un passage difficile qu'on trouve en voulant passer d'un pays à un autre, comme la mer, les grandes rivieres, les montagnes. La nature a eu beau mettre des barrieres entre l'ancien & le nouveau monde, elle n'en a pas pû empêcher l'entrée à l'avarice des hommes. L'estude de la Philosophie est une bonne barriere pour opposer à l'ambition, à l'avarice, &c. la rigueur des supplices n'est pas une assez forte barriere pour arrester la méchanceté des hommes.