v. act. Orner quelque chose, la rendre plus belle, plus riche, plus agreable à voir. On pare les Eglises dans les Festes solennelles de tapisseries, de tableaux, d'argenterie. Les Dames pour aller au bal se parent de perles & de pierreries. Ces chambres sont parées de beaux meubles, de belles tapisseries, de tableaux. Ce mot de parer vient de parare ; de même que parement vient de paramentum, & parure de paratura.

PARER, se dit aussi de plusieurs choses naturelles. La terre se pare au printemps de ses plus vives fleurs. L'Aurore s'étoit parée ce jour-là pour assister à ce triomphe, à cette feste.

PARER, se dit aussi des preparations qui se donnent à plusieurs choses pour les rendre plus belles, ou plus disposées à s'en servir. Les Bonnetiers parent leurs bas, les Marchands leurs marchandises, par des eaux qu'ils leur donnent, par les manieres de les presser, comme aux satins, aux camelots, tabis, &c. On le dit même des Fruitieres, qui parent leurs marchandises, en mettant les plus beaux fruits au dessus du panier.

PARER, se dit aussi des choses qui se preparent & se nettoyent en les ratissant & raclant, comme les cuirs & les parchemins. Les Courroyeurs & les Parcheminiers ont des fers & des couteaux à parer. On dit en ce sens, un cuir paré, une vache parée.

PARER, en termes de Manege, signifie, Coupper les ongles, ou la corne d'un cheval avec un boutoir, pour rendre la sole unie & propre à estre ferrée.

PARER, se disoit aussi autrefois de l'arrest du cheval. Depuis le partir du cheval jusqu'à son parer. On disoit aussi parer sur les hanches. De puis ce mot est devenu de peu d'usage. En ce sens & au suivant il vient de l'Italien parar, qui signifie arrester.

PARER, en termes d'Escrime signifie, Se deffendre de quelque coup qu'un autre porte. Il faut parer du fort de l'épée. Les bons Escrimeurs portent & parent en même temps. Les Espagnols parent avec le poignard. Les Anciens portoient des boucliers pour se parer des coups de fleches & de pierres.

On appelle Parer du corps, quand par son agilité & souplesse on oste le corps hors de la ligne par où le coup doit passer. On pare aussi du corps, en laschant le pied gauche en arriere, & attirant le droit à sa place ; ce qui s'appelle, Rompre la mesure du corps & des pieds. On pare aussi du corps, en laschant le pied droit, tenant le bras & l'épée fort avancez, pour parer en prenant le dessous, en baissant le corps à gauche, ou en faisant un saut en arriere d'un seul temps.

PARER, se dit aussi en termes ordinaires des coups qu'on evite. Il a paré de la main le soufflet qu'on luy vouloit donner. Il a paré avec sa raquette ce coup de balle. Il eust été blessé de cette charrette, s'il n'eust paré le coup en se retirant promptement.

PARER, en termes de Mer signifie, Doubler un cap, passer au delà, & le laisser à costé. On dit aussi, Parer un escueil, un banc de sable, pour dire, l'éviter. On appelle aussi Pare à virer, le commandement qu'on fait à la manoeuvre pour se preparer au revirement du vaisseau. Ce Pilote s'est paré adroitement de cet escueil.

PARER, se dit aussi figurément en choses morales, pour signifier, Se deffendre des demandes, des poursuites qu'on nous fait. Je ne puis me parer de cette action, de ce procés qu'on me fait, que par la prescription. On a fait une taxe sur ce Financier, il ne s'en pourra jamais parer, il faut qu'il la paye.

PARER, se dit proverbialement en ces phrases. On dit qu'une femme est parée comme un autel, comme une épousée, quand elle affecte de porter trop d'ornements, ou trop extraordinaires. On dit aussi de celuy qui paroist souvent en public avec une personne de grande beauté, ou de grand merite, qu'il s'en pare comme de sa belle robbe. On dit qu'un homme se pare du bien d'autruy, pour dire, qu'il est vestu d'habits empruntez, qu'un Auteur a desrobé plusieurs pensées qu'il s'approprie. On dit aussi, qu'un homme a paré une estocade, quand il a refusé de prester quelque chose à un hardy emprunteur qui ne l'a luy auroit pas renduë.