subst. fem. Grand oiseau qui a les ailes courtes, fort estimé pour ses plumes, qui servent d'ornement aux chapeaux, aux lits, aux dais, &c. Les Autruches se chassent en Afrique. Elles sont si communes au Perou, qu'elles vont par troupes comme le bestail. Les Sauvages en mangent la chair ; & leurs oeufs sont bons, quoy que de difficile digestion. Les femelles sont presque toutes meslées de gris, de noir & de blanc. Les masles sont blancs & noirs, & sont bien plus estimés, parce que leurs plumes sont plus larges & mieux fournies, leurs bouts plus touffus, & leurs soyes plus fines. On ne les chasse qu'aprés leur muë, & lors que leur plumage est sec. Ce sont des oiseaux fort vistes qu'on chasse avec des Barbes harpés comme levriers, qui les attrapent à la course. L'Autruche se sert de ses ailes non pas pour voler, mais pour aider à sa course, lors que le vent luy est favorable ; car alors elle s'en sert comme un navire fait de ses voiles. Lors que l'Autruche voit que ses oeufs sont prests à éclorre, elle en casse quatre, qui venant à se corrompre, il s'y engendre quantité de vers dont ses petits se nourrissent, comme témoigne le Pere Acaret en sa Relation du Perou. Aelian avoit dit autrefois quelque chose de semblable. On a veu vers le Cap de Bonne Esperance des oeufs d'Autruche si gros, qu'un seul suffit pour donner à manger à sept hommes. On a fait la dissection de plusieurs Autruches dans l'Academie des Sciences : la plus grande étoit de sept pieds & demi de haut depuis la teste jusqu'à la terre. L'Autruche a l'oeuil comme l'homme en ovale, ayant de grands cils, & la paupiere d'enhaut mobile, contre l'ordinaire des oiseaux, avec une paupiere au dedans comme l'ont la plus-part des brutes. Son bec est court & pointu, sa langue petite, & adherente comme aux poissons ; ses cuisses grosses, charnuës & sans plumes, couvertes d'une peau blanche un peu rougeastre, rayée par des rides qui representent un reseau dont les mailles pourroient laisser entrer le bout du doit. Ses jambes sont couvertes par devant de grandes escailles en table, ses pieds fendus, & composés seulement de deux doits fort grands, & aussi couverts d'escaille avec des ongles aux grands doits, & non pas aux petits. Elle n'a pas des plumes de diverse sorte, comme les autres oiseaux, qui en ont de molles & lanugineuses pour leur servir de fourrure, & d'autres dures & fermes pour voler. Celles de l'Autruche sont toutes molles & effilées comme le duvet. Elles ne servent ni à voler, ni à les vestir. Elles ont le tuyau justement au milieu de la plume : c'est pourquoy les Egyptiens representoient la Justice par une plume d'Autruche. La peau de son col est de chair livide couverte d'un fin duvet blanc clair-semé & luisant qui tient plus du poil que de la plume. Son corps est couvert de plumes noires, blanches & grises. Celles qu'on voit d'autre couleur sont seulement teintes. Les grandes qui sortent des ailes & de la queuë sont ordinairement blanches. Celles du rang d'aprés sont noires. Celles qui garnissent le dos & le ventre sont noires, ou blanches. Ses flancs n'ont point de plumes, non plus que les cuisses, & le dessous des ailes. Au bout de chaque aile il y a deux especes d'ergots longs d'un pouce, creux, & ressemblants à de la corne, à peu prés semblables aux aiguillons d'un porc-espic. Quant au dedans, on y a trouvé cinq diaphragmes ou cloisons qui divisent le tronc en cinq parties, dont quatre ont la situation droite de haut en bas, & un cinquiéme situé en travers. Ses ventricules ont été trouvés remplis de foin, d'herbe, d'orge, de feves, d'os, & de caillous, dont il y en avoit de la grosseur d'un oeuf de poule. On a trouvé dans un jusqu'à 70. doubles la plus-part usés & consumés presque des trois quarts, & rayez apparemment par leur frottement mutuel, plustost que par erosion. Mais il faut remarquer que les Autruches avalent le fer, de même que les autres oiseaux avalent les caillous, pour aider à broyer leur nourriture, & non pas pour s'en nourrir & pour le digerer, comme ont crû les Anciens : au contraire elles meurent quand elles en ont beaucoup avalé. Diodore Sicilien appelle les Autruches, des Cerfs-oiseaux. D'autres nomment l'Autruche, Struthiocamelus, c'est à dire, Coq-chameau, selon Scaliger. Ce mot vient de struthio, struthiocamelus. Menage le derive de avis struthia, & pretend qu'il faut écrire Austruche.

On dit figurément à un homme qui mange beaucoup, ou des viandes difficiles à digerer, qu'il a un estomac d'Autruche.