s. f. Poisson de mer qui jette une humeur si froide, qu'elle engourdit la main du Pêcheur, soit qu'il pesche avec la main, soit avec le filet, soit avec la fouine. Elle endort aussi les poissons dont elle fait sa pasture. La torpille est mise au nombre des poissons plats & cartilagineux, comme la raye, le turbot, la sole, la tareronde. Son corps est rond, si on en ôte la queuë. Sa tête est tellement enfoncée entre ses espaules, qu'elle ne paroist aucunement. Elle a deux petits yeux, & outre cela deux trous en forme de croissant, toûjours ouverts ; une petite bouche garnie de petites dents, & au dessus deux pertuis qui luy servent de naseaux. Elle a cinq ouyes de chaque costé, petites & recourbées, & deux ailes sur la queuë. La peau de dessus est molle, deliée, blancheastre ; celle de dessous jaunastre, tirant à la couleur de vin. Il y en a quelques-unes qui ont sur le dos cinq taches noires, rondes, disposées en pentagone. D'autres en ont plusieurs sans ordre. D'autres n'en ont point du tout. Aristote dit qu'on en a veu une qui avoit fait 80. petits. Nonobstant le venin qu'elle jette en vie, on ne laisse pas d'en manger la chair, & Hippocrate en recommende l'usage en plusieurs maladies. Matthiole dit qu'il n'y a point d'homme qui ait le bras si fort, qu'il puisse long-temps soustenir une torpille vive. Le Sieur Stephano Laurenzini Florentin a fait un Traitté particulier de la torpille. Il dit que la petite espece ne pese jamais plus de six onces ; & que celles de la grande vont depuis 18. jusqu'à 24. livres. Il met ce poisson au nombre des vivipares, quoy qu'il ait des oeufs. Son coeur palpite 8. ou 9. heures aprés qu'il est arraché ; mais il soustient qu'il faut toucher la torpille immediatement avec la main nuë en deux muscles qui l'entourent où reside son venin, pour en sentir l'engourdissement. En Latin torpedo.