v. act. & neut. Ouïr, escouter. Entendre le Sermon. Entendre dur. Entendre de loin. Il n'entend rien, il n'entend goute, il est sourd. Je n'ay jamais entendu cet homme-là, pour dire, je ne l'ay jamais ouï prêcher, plaider, ni haranguer. Ce mot vient du Latin intendere.

On dit aussi, Entendre la Messe, pour dire, Assister à la Messe, encore qu'on n'entende pas les paroles du Prestre.

On le dit aussi de celuy qui veut bien prendre la patience d'escouter. Ce Juge est severe, mais du moins il entend les parties.

On dit au Palais à un Advocat, Qui vous entend ? c'est à dire, Qui est l'Advocat qui deffend contre vous ?

ENTENDRE, se dit figurément en choses spirituelles, & signifie, Comprendre, penetrer dans le sens de celuy qui parle, ou qui escrit. Cet homme entend l'Algebre, entend l'Hebreu, entend bien la Bible. Cet homme est obscur, il ne sçauroit se faire entendre. Entendre le Latin, les Langues Orientales.

ENTENDRE, se dit aussi de celuy qui sçait tout ce qu'il doit sçavoir sur quelque chose. Il entend bien sa charge, son mestier. Il s'entend bien aux armes, au manege. On dit au contraire, Vous n'y entendez rien, vous n'entendez pas cela, vous ne l'entendez pas.

On dit aussi, s'Entendre à quelque chose, pour dire, la sçavoir fort bien. Il s'entend fort bien aux affaires, à l'agriculture, &c.

ENTENDRE, signifie encore, Prester l'oreille, consentir à quelque proposition. On luy a offert cet employ, il y veut bien entendre. Il ne veut entendre à aucun accommodement.

s'Entendre avec l'ennemi, c'est à dire, Avoir intelligence avec luy. Ces parties s'entendent, pour dire, colludent ensemble.

Donner à entendre, signifie, Faire croire. Il a obtenu cette faveur sous un faux donné à entendre, sous une fausse allegation. S'il a manqué, ce n'est pas faute de luy avoir bien donné à entendre. Je vous entends, je voy bien ce que vous voulez dire ou demander par là.

ENTENDRE, signifie aussi, Avoir intention, pretendre. Je vous donne cela, mais j'entends que vous fassiez telle chose ; quand on veut imposer une condition à quelqu'un. Vous entendez cela, & moy je ne l'entends pas, c'est à dire, Vous voulez que je fasse une chose, & moy je ne le veux pas. Qu'entendez-vous par là ? Que pretendez-vous ? On dit encore, Je n'y entends point de finesse, pour dire, Je ne pretends point vous tromper.

On dit encore absolument, Cela s'entend, quand on suppose une chose qui se fait ordinairement. Quand on envoye querir un Medecin, il le faut payer, cela s'entend, ou est sousentendu.

On dit en proverbe, Ils s'entendent comme larrons en Foire, pour dire, Ils sont en grande intelligence ; mais toûjours en mauvaise part. Il entend de corne, pour dire, Il entend autre chose que ce qu'on luy dit. Il n'y a point de pire sourd que celuy qui ne veut point entendre. Chacun fait comme il l'entend, c'est à dire, à sa fantaisie.

Entendre le numero, se dit des gens fort intelligents en affaires. C'est un proverbe tiré des Marchands qui ont le prix de leurs marchandises marqué sous certains numero qu'il n'y a qu'eux qui entendent.

On dit aussi d'un brutal, qu'il n'entend ni rime, ni raison, qu'il n'entend ni à dia, ni à hurhaut, pour dire, qu'on ne le peut persuader de ce qui est raisonnable. On dit aussi, Qui n'entend qu'une partie n'entend rien.