subst. masc. Instrument qui sert à souffler en attirant le vent, & puis en le comprimant pour le faire sortir par un trou étroit avec violence. Un soufflet domestique, un soufflet de Mareschal, un soufflet d'Esmailleur. Les soufflets des forges de fer se meuvent par des moulins. Il y a aussi des pompes qui agissent par le moyen des soufflets. Les soufflets des orgues ont six pieds de long sur quatre de large, dont chacun doit avoir des lunettes de quatre pouces, afin que la soupape s'ouvre aisément. Il y doit avoir aussi une soupape au mufle des soufflets, afin qu'ils n'empruntent point de vent l'un de l'autre.

Il y a des soufflets en triangle, qui ne se levent que d'un côté. Il y en a d'autres qu'on nomme à lanterne, qui se levent également de deux costez, & demeurent paralleles à l'ais inferieur, ensorte qu'ils representent une lanterne de papier. Il faut du moins quatre soufflets pour fournir le vent à une orgue de 16. pieds ; & six, quand il y a un positif, chacun chargé d'un poids de 16. livres. Les plis des soufflets se font de plusieurs petits ais de bois fort minces, sur lesquels on cole le cuir.

SOUFFLET, est aussi une espece de voiture ou de chaise roulante sur deux rouës, & fort legere, où il n'y a place que pour une ou deux personnes, dont le dessus & le dedans sont de cuirs ou toiles cirées qui se levent & se plient comme un soufflet pendant le beau temps, & qui s'estendent pour deffendre de la pluye.

SOUFFLET, est aussi un coup donné du plat de la main sur la jouë. Le soufflet est un des plus grands affronts qu'on puisse faire à un Gentilhomme. Le dementir attire le soufflet. On dit aussi, Il luy a donné un soufflet avec sa pantoufle, avec un livre, pour dire, Il luy a donné sur la jouë. On luy a donné deux soufflets, l'aller, & le venir. Menage derive ce mot de sufflatus, à cause du bruit que fait un soufflet donné.

SOUFFLET, se dit figurément de toute autre perte, affront ou dommage qu'on reçoit. On a fait perdre le procés à ce plaideur, c'est un vilain soufflet qu'on luy a donné. On avoit promis une telle fille à ce jeune homme, mais on l'a donnée à une autre, c'est un vilain soufflet qu'il a receu.

SOUFFLET, se dit proverbialement en ces phrases. Cela ne vaut pas un clou à soufflet, c'est à dire, est de peu d'importance. On dit qu'un homme a donné un soufflet à Ronsard, pour dire, qu'il a fait une grosse faute contre la Langue, à cause que Ronsard avoir composé une Rhetorique ; comme on dit aussi, que ceux qui font de la fausse monnoye, donnent un soufflet au Roy. On dit aussi quand un habit est retourné, qu'on luy a donné un soufflet. On dit aussi d'un pendu, qu'il a donné un soufflet à une potence.