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v. act. & quelquefois n. Donner une forte agitation à l'air, en le pressant dans quelque vaisseau pour l'en faire sortir par une petite ouverture avec plus d'impetuosité. On souffle du vent dans un balon par une seringue. On souffle du vent dans les tuyaux d'orgues pour les faire joüer. On souffle avec la bouche dans des flustes, dans des cornemuses. Les Bouchers soufflent la viande pour la faire enfler. On souffle les doigts pour les eschauffer. On souffle son potage pour le refroidir. On souffle la chandelle pour l'éteindre. On souffle le feu pour l'allumer. Les eolipiles ou poires à feu soufflent de l'air avec une merveilleuse violence. Ce mot vient de sufflare. Nicod.

SOUFFLER, signifie aussi, Exhaler de l'air qu'on avoit attiré par la respiration pour rafraischir les poulmons, quand ils viennent à se comprimer. Un homme qui a la courte haleine, souffle quand il a couru, ou beaucoup travaillé. La marque d'un cheval poussif, est lors qu'il souffle, qu'il bat du flanc. Il souffle comme un aspic sourd. Les animaux irritez soufflent.

SOUFFLER, se dit de l'agitation naturelle de l'air, qui cause les vents. Le vent de Midy a soufflé depuis huit jours. La bise souffloit dans nos voiles, souffloit de costé. Aucun vent ne souffloit, il y avoit un grand calme.

SOUFFLER, se dit aussi de ceux qui exercent les operations de Chymie ; mais sur tout en mauvaise part, de ceux qui cherchent la Pierre Philosophale. C'est un homme qui souffle il y a dix ans ; il a mangé tout son bien à souffler.

SOUFFLER le poil à un liévre, se dit en termes de Chasse, d'un chien qui est tout prest d'attraper le liévre. Et en débauche, on dit qu'un homme souffle bien, pour dire, qu'il avale de grandes rasades.

SOUFFLER au poil, en termes de Manege, se dit, lors qu'un cheval ayant une encloüeure, la matiere ou le pus a coulé entre la corne & le petit pied, a gagné le poil, & paroist à la couronne. On dit aussi, que la chair souffle sur la sourchette, quand il vient un bouillon ou excrescence de chair sur la fourchette du cheval, qui le fait boitter.

SOUFFLER, en termes de Marine signifie, Renforcer le bordage d'un vaisseau par de nouvelles planches & chaintes, pour le faire mieux resister au canon & aux coups de mer. Ce vaisseau de guerre a été soufflé de trois pouces.

SOUFFLER, se dit figurément en choses morales. Ce Prince tient tellement ses sujets en crainte, en sujettion, qu'ils n'oseroient pas seulement souffler, dire le moindre mot. Ce maistre est bien servi de ses gens, dés qu'il souffle ils sont à luy.

SOUFFLER, signifie aussi, Insinuer dans l'esprit, remettre quelque chose dans la memoire, quand elle manque. Les Grands ont toûjours auprés d'eux des gens qui leur soufflent aux oreilles tantost la paix, tantost la guerre, des calomnies contre leurs fideles sujets. On luy a persuadé de faire cette donation, à force de luy souffler aux oreilles. Si ce Prince est vicieux, ce n'est pas faute de bons Precepteurs qui luy ont soufflé aux oreilles les bons sentimens. Il y a dans les Estats & dans les familles des boutefeux qui soufflent la dissention, la discorde. Ceux qui parlent en public, font prudemment d'avoir quelqu'un qui leur souffle, qui leur suggere ce qu'ils ont à dire, quand la memoire leur manque.

En ce sens on dit qu'il y a des gens qui soufflent le Droit, qui instruisent legerement un Officier recipiendaire de quelques lieux communs, ou des objections qu'on leur peut faire sur la Loy qui leur a été proposée, pour y répondre, comme s'ils étoient derriere luy pour luy suggerer ce qu'il auroit à dire.

SOUFFLER un exploit, une signification, se dit au Palais des exploits faux qui n'ont point été effectivement donnez aux parties, ni à leurs personnes, ni à leur domicile, ou de leurs Procureurs. On luy a soufflé cet exploit. On dit aussi, qu'il a été donné sous la cheminée.

SOUFFLER, se dit au jeu des Dames, quand on prend une dame à son adversaire, lors qu'il a negligé d'en prendre une qui étoit en prise.

SOUFFLER, se dit proverbialement en ces phrases. Cet homme souffle le froid & le chaud d'une même bouche, pour dire, il prouve le vray & le faux ; il est pour & contre une même personne, il en dit du bien & du mal ; il jouë les deux. On dit aussi, qu'un homme a soufflé le pion à un autre, pour dire, qu'il a encheri sur luy, qu'il luy a enlevé une affaire qu'il croyoit faite. On dit aussi d'un dormeur qui ronfle avec violence, qu'il souffle des pois.