v. n. Venir de suite, se mettre en la place d'un autre. Les siecles, les années, les jours se succedent les uns aux autres. Les crans d'une rouë, d'une horloge, se succedent, entrent l'un aprés l'autre dans leur pignon.

SUCCEDER, se dit aussi en Morale, des charges, des dignitez, & des autres places où on entre l'un aprés l'autre. Un Coadjuteur a des Bulles qui le doivent faire succeder à un autre Prelat. On ne sçait pas qui doit succeder au Pape. Celuy qui succede à un Benefice a d'ordinaire un procés pour les reparations contre les heritiers du predecesseur.

SUCCEDER, signifie aussi, Heriter des biens d'un defunt, soit par droit de parenté, soit par institution testamentaire. Un fils succede en tous les biens, noms & actions de son pere. Le pere & l'ayeul succedent aux meubles de leurs enfans & petits-enfans. Le mort saisit le vif, son plus proche heritier habile à luy succeder. Il y en a qui succedent aux propres, les autres aux acquests, les autres aux meubles. Un legataire universel succede à tous les biens d'un defunt. Les Moines, les bastards, les étrangers, n'ont point droit de succeder. Les uns succedent par souches, les autres par têtes.

SUCCEDER, signifie aussi, Reüssir. Les entreprises faites à la haste ne succedent jamais. Les Ligues & Croisades entre plusieurs Princes ont ratement succedé. Cette machine étoit fort bien inventée, mais elle n'a pas succedé, quand on l'a voulu mettre en grand.

On dit proverbialement, qu'un homme est habile à succeder, lors qu'il est ardent au gain, qu'il ne laisse rien perdre, & qu'il est prompt à s'emparer du bien d'autruy.