subst. fem. Discours d'un Orateur qu'il fait en public. Chez les Romains les Orateurs montoient dans la Tribune aux harangues, quand ils avoient à parler au peuple. Les Professeurs dans les Universitez font des harangues, lors qu'ils sont receus en leurs chaises. Les Presidents & Advocats Generaux en font dans leurs assemblées aux Mercuriales, les Capitaines à leurs soldats avant la bataille. Mesnage tient que ce mot vient de l'Allemand huborung, ou de l'Anglois hearing, qui signifient audience, escoutement. D'autres le derivent de ara, parce que les premieres harangues se faisoient devant les autels : d'où vient ce que dit Juvenal,

Aut Lugdunensem rhetor dicturus ad aram.

HARANGUE, se dit aussi des compliments un peu estendus que les peuples, ou les Magistrats font aux Princes qui passent par leurs villes, ou en d'autres occasions, pour leur tesmoigner le respect, leur obeissance, ou la joye qu'ils ont de leurs victoires ou prosperitez. L'Academie Françoise va faire au Roy sa harangue à la suitte des Compagnies Souveraines.

On dit d'un Historien, qu'il fait des harangues directes, quand il rapporte les harangues qu'ont dit ou pû dire les Princes ou les Capitaines en certaines occasions ; & des harangues indirectes, celles où il ne fait que rapporter les principaux points de ce qu'ils ont dit : Il leur representa que c'estoit leur interest, qu'il estoit de l'honneur de la nation, &c.

HARANGUE, se dit aussi en mauvaise part, des discours trop longs, frequents, & ennuyeux, ou de ceux qui contiennent quelque reprimende, quelque reproche. Les vieillards sont sujets à faire de longues harangues aux jeunes gens, ils les estourdissent de leurs harangues, soit en leur racontant leurs propres actions, soit en leur voulant donner des instructions, ou faire des corrections. aurez-vous bientost fini vostre harangue ? pour dire, vostre discours. faites luy vous-même vostre harangue, portez luy cette parole, qui sans doute ne luy plaira pas.