adj. m. & f. Qui fait impression sur les sens, qui en frappe les organes. Tous les corps materiels sont sensibles : les spirituels ne sont pas sensibles, ni palpables. La goutte, la pierre, sont des maux fort sensibles.

SENSIBLE, se dit aussi de l'organe même qui reçoit cette impression. Ce cheval est fort sensible à l'esperon. Le corps n'est sensible que par le moyen des nerfs. Les dents, les os, les ongles, ne sont pas sensibles par eux-mêmes.

Le sensible commun, se dit en Philosophie de l'objet qui peut être connu par deux sens differens. La quantité est un sensible commun qui peut être connu par la veuë & par le toucher. L'ame ne se trompe gueres en jugeant du sensible commun, mais bien du sensible particulier d'un organe.

SENSIBLE, se dit aussi de ce qui est dans la sphere d'activité, dans la portée de nos sens, en état de faire sur eux quelque impression. Les étoiles ne sont sensibles à nos yeux que jusqu'à la sixiéme grandeur. Les atomes ne sont sensibles ni à la veuë, ni au toucher. Le mouvement de l'ombre, de l'aiguille d'une monstre, est à peine sensible. L'accroissement des plantes n'est pas sensible.

SENSIBLE, se dit figurément en choses morales, & en parlant de l'émotion de l'ame & des passions. Cet homme est fort delicat & sensible sur le point d'honneur. On luy a fait un affront, une injure sensible. Cette femme a l'ame tendre & sensible : ce qui se dit tant de l'amour, que de la compassion, & de la reconnoissance. La mort d'un fils unique est fort sensible. On dit par civilité, Je vous auray une tres-sensible obligation, si vous faites telle chose. Et poëtiquement, On dit que le ciel est d'airain, qu'il n'est point sensible à nos cris, à nos maux, à nos plaintes.