s. m. Action ou doctrine qui choque les moeurs, ou la commune opinion d'une nation. La predication de l'Evangile étoit un scandale chez les Juifs, & une folie chez les Gentils. Le Seigneur a dit, Malheur à ceux qui portent scandale, qui font scandale. Celuy qui mange de la viande en public le Caresme, donne du scandale. Un pecheur secret oste du moins le scandale. Ce mot vient du Latin scandalum, qui a signifié, selon Papias, une querelle qui survient à l'impourveu, quae subitò inter aliquos scandit vel oritur. En Bas-Breton scandal signifie noise, & scandalat, debattre de paroles ou tanser.

SCANDALE, se dit aussi du bruit, de l'éclat, de l'affront qu'on fait en public à quelqu'un. Ces bretteurs ont été dans cette maison, ont tout jetté par les fenestres, y ont fait un grand scandale. Il est arrivé un grand scandale dans l'Eglise, il y a eu de la batterie, du sang respandu. Il y a eu dispute sur les preseances entre les Marguilliers, entre les Prestres, cela a fait bien du scandale. Il a publié des libelles contre cette femme, qui luy ont fait grand scandale.

On appelle figurément pierre de scandale, la cause du mal, de la dissention, du scandale. Cette femme jalouse étoit toûjours en divorce avec son mary, on a chassé la servante qui étoit la pierre de scandale. Les lieux de prostitution sont appellés des maisons de scandale. Cette façon de parler vient d'une pierre qui étoit élevée devant le grand portail du Capitole, où étoit gravée l'empreinte d'un lion, sur laquelle un cessionaire crioit à haute voix & teste nuë, Cedo bonis, sur laquelle on le faisoit heurter par trois fois à cu nud ; & pour ce sujet elle étoit nommée la pierre de scandale, car dés lors le cessionaire étoit intestable, & incapable de rendre témoignage. Jules Cesar introduisit cette forme de cession, aprés qu'il eut abrogé l'article de la Loy des Douze Tables, qui permettoit aux creanciers de demembrer leur debiteur insolvable, & d'en prendre chacun un membre, ou du moins de le reduire en servitude.

On appelle un amené sans scandale, une ordonnance de Juge decernée sur le simple exposé d'une requeste, & sans information, qui permet d'amener un homme pardevant luy doucement, & pied à pied pour l'interroger. Les amenez sans scandale ont esté deffendus, à cause de l'abus qu'on en faisoit ; parce qu'en vertu de ces ordonnances on constituoit un homme prisonnier avec la même indignité qui s'il y eust eu decret contre luy.