v. act. Passer quelque chose deliée dans un trou estroit, comme fil, soye, ruban, corde à boyau. Enfiler une aiguille, un chapelet, des perles.

ENFILER, se dit aussi en parlant de ce qui est de droit fil & en droite ligne, soit pour y passer, soit pour y tirer. Il faut prendre garde qu'une trenchée, qu'une ruë, que des lignes ne soient enfilées, pour dire, que l'ennemi ne puisse tirer tout le long de la ligne, de la ruë, de la tranchée. Il faut enfiler ce chemin-là, pour dire, entrer dans un chemin qui est le plus court, & par consequent le plus droit.

On dit aussi au jeu de Triquetrac, qu'une personne est enfilée, pour dire, qu'on luy a bouché les passages par où elle pouvoit couler ses dames d'un costé du tablier à l'autre.

En ce sens on dit figurément, qu'un homme s'est enfilé, pour dire, qu'il s'est embarrassé dans quelque affaire, dont il aura de la peine à sortir sans perte ou desavantage. On dit aussi, Enfiler un discours, pour dire, Commencer, entreprendre un discours, dont on ne se peut tirer sans peine, ou sans longueur.

On dit proverbialement, qu'on n'est pas venu pour enfiler des perles, pour dire, qu'on n'est pas venu pour ne rien faire, ou pour faire peu de chose. On dit aussi, qu'un homme a enfilé la venelle, pour dire, qu'il s'est enfuy, de peur d'estre pris pour quelque mauvaise action, ou d'estre battu par un plus fort que luy. Ce mot est bas.