sustb. masc. Mot d'une langue qu'on applique à quelque personne, ou à quelque chose pour la faire reconnoistre. Il y avoit douze noms de Dieu chez les Hebreux, dont celuy de Jehova estoit ineffable, on ne l'osoit prononcer. Le second precepte de la loy deffend de prendre le nom de Dieu en vain. On perce la langue aux jureurs & blasphemateurs du St. nom de Dieu. Dieu a donné le nom au jour & aux tenebres, au Ciel, à la terre, & à la mer Genese cap. I. Dieu donna pouvoir à Adam de donner le nom aux animaux, aux oiseaux & à toutes les bestes de la terre que pour cet effet il fit paroistre devant luy, Genese Chap. II. L'imposition du nom est de l'institution des hommes. On dit qu'elle appartient aux Sages, c'est à dire, aux Philosophes. Ce mot vient du Latin nomen, que Festus dit avoir esté fait de nopimen, à noscendo, parce qu'il donne la connoissance d'une chose ; ou de notamen, parce qu'il designe la chose ; ou du Grec onoma qui signifie la même chose, en ostant l'o.

Nom, de Baptesme ou Nom propre, est celuy que les parrain & les marraines donnent à un Chrestien, quand on le baptise. Chez les Catholiques il est pris dans le Catalogue des Saints de la nouvelle Loy. Les Heretiques affectent de le prendre chez les Patriarches du Vieux Testament.

NOM, se dit aussi d'un second nom qu'on trouve dans sa famille, & qui se continuë de pere en fils. On l'appelle aussi surnom. Dans les Titres au dessus de l'an mil, on ne trouve point les personnes designées que d'un seul nom propre, & quelquefois de celuy de leur pere, c'est de là que les Prelats ont retenu l'usage de ne signer que de leur nom propre avec celuy de leur Evesché, parce que durant les six cens ans precedents on ne voyoit point d'autres souscriptions dans les Conciles.

Nom de Seigneurie, est celuy qu'on adjouste aux precedents, & qui sert quelquefois de surnom ou de titre. Les Espagnols affectent par vanité plusieurs noms & titres de Seigneurie.

Nom de guerre, est un nom que prennent les soldats quand ils s'enrollent.

Nom de Religion, est un nouveau nom que les Religieux & Religieuses prennent en entrant dans le Monastere, pour montrer qu'ils vont mener une nouvelle vie, & qu'ils ont renoncé au monde. La Soeur Marie de l'Incarnation du St. Sacrement : Les Papes changent aussi de nom aprés leur exaltation : ce qui a esté introduit par le Pape Sergius I. à cause qu'auparavant il se nommoit Grovin de Pore, comme dit Platine. Mais Baronius le rapporte à Sergius III. & Onuphre à Jean XII. ou XIII. qui adjoûte que cela s'est fait à l'imitation de St. Paul, qui auparavant s'appelloit Simon & Saul.

Nom de Roman, est un nom factice & formé à la maniere Grecque, ou Romaine, pour desguiser les noms de ceux dont on conte l'adventure ; ou un nom qu'on prend par simple galanterie. Les noms de Roman sont heureux, quand ils contiennent l'anagramme d'un nom de baptesme, comme Artenire, pour Catherine, Hypolite pour Philipote.

NOM, se prend quelquefois pour une Signature. La Police deffend les changements, les suppositions de nom, d'emprunter le nom d'autruy, de le contrefaire. Son nom est au bas de cette promesse, il l'a souscripte de son nom. Il est deffendu aussi de signer de differents noms. En ce sens on dit qu'un homme donne son nom, quand il veut bien s'obliger pour autruy, le Cautioner.

NOM, se dit aussi du pouvoir, du mandement, de l'autorité en vertu de laquelle on agit. JESUS-CHRIST parle toûjours au nom de son Pere. Les Pharisiens l'accusoient de chasser les Demons au nom de Beelzebut. Il a dit aux Apostres, qu'ils obtiendroient tout ce qu'ils demanderoient en son nom. Le baptesme pour estre valable doit estre fait au nom du Pere & du Fils & du Saint Esprit. On dit aussi, Au Nom de Dieu, pour conjurer fortement une personne de faire ou d'accorder quelque chose. On appelle aussi un nom de JESUS, une petite peinture ou chrissre où ce Saint Nom est en abregé, composé d'un J. d'une H. & d'une S. avec une croix au milieu.

En ce sens on le dit en matiere profane, Il n'a agi qu'au nom & comme Procureur d'un tel. Cette veuve a intenté ce procez tant en son nom à cause de la communauté qu'elle avoit avec son mary, que comme Tutrice de ses enfans mineurs. Des cautions solidaires s'obligent en leur propre & privé nom, sont condamnés en leur nom. Les Juges qui prevariquent sont bien intimez en leur propre & privé nom. On dit aussi, Je luy ay fait des baisemains en vostre nom, ou de vostre part.

NOM, se dit encore à l'egard d'une maison illustre, d'un estat, quand on le considere comme un titre dont il faut soustenir la reputation. Ce Seigneur est Chef du Nom & Armes d'une telle maison. Il a substitué ses terres à ses neveux à la charge de porter son nom. C'est un nom illustre dont il faut soustenir la gloire. Les Romains ont fort signalé leur nom. Cette bataille a conservé l'honneur du nom Chrestien. Les Princes ne font la guerre, & les Auteurs des Livres, que pour immortaliser leur nom. On dit au contraire, qu'un homme est sans nom, quand on ne le connoist point dans le monde, quand il est sans reputation ; sans autorité.

NOM, en termes de Palais signifie, Dette obligation, & est en usage en cette formule : il est subrogé en tous les droits. Noms, raisons & actions de son cedant, ou du Creancier qu'il a payé de ses deniers. Ce mot est tiré du Latin nomina, qui signifie la même chose.

NOM, signifie aussi Promesse. Il luy a donné cette bague au nom de mariage, pour dire, en luy promettant de l'espouser.

NOM, en termes de Grammaire, est la premiere partie d'oraison qui se decline : & qui est differente du verbe, en ce qu'il se conjugue. Leur liaison fait le principal fondement du discours. Les noms substantifs, propres & appellatifs, sont ceux qui marquent la substance, le corps, la nature de chaque chose. Les adjectifs en marquent seulement, les qualitez, les accidents. On les divise selon leurs genres en masculins & feminins. Il y en a aussi de genre commun & douteux. Et en Latin il y en a de neutres. On les divise encore en synonymes, quand plusieurs noms ou mots, designent une même chose ; & en équivoques, quand un même nom s'applique à des choses differentes.

NOM, se dit proverbialement en ces phrases. C'est chose qui n'a point de nom, qui se dit à ceux qui ne se souviennent pas du nom d'une personne. On dit, nommer les choses par leur nom, quand on dit sincerement la verité, quand on ne fait point de scrupule de reprocher à quelqu'un ses defauts ; ou quand on dit des paroles obscures avec une liberté philosophique. On dit aussi qu'un homme est obligé de decliner son nom, quand il va voir une personne inconnuë, & quand il est obligé de luy apprendre quel il est. On dit aussi, qu'on ne luy sçauroit dire pis que son nom, quand il est connu pour un scelerat.