s. f. Sentiment qui resulte de l'action & du mouvement des petits atomes de feu qui sont dans les corps, quand ils agissent sur les autres. Quand nous sentons la chaleur du feu, c'est que nous sentons de petits atomes de feu qui se détachent, & qui viennent frapper nos sens. Ce mot vient du Latin calor, du verbe calere.

CHALEUR, est aussi la propre substance du feu, entant qu'il y en a plusieurs atomes ou parties ensemble qui se répandent aux environs pour causer le sentiment de chaleur. L'eau de vie cause de la chaleur, parce qu'elle renferme & contient plusieurs parties ignées qui se separent dans sa resolution. On a crû que les grandes chaleurs de la Zone Torride la rendoient inhabitable. Cependant la chaleur du Soleil aux jours les plus froids de l'hiver est égale à celle des jours les plus chauds de l'esté : ce qu'on a éprouvé avec le miroir de la Bibliotheque Royale, parce qu'il fait aussi-bien en hiver qu'en esté cet effet surprenant, de vitrifier les pierres & les briques en fort peu de temps.

En Medecine on distingue deux sortes de chaleur : la naturelle, qui est le principe de la vie des animaux ; & l'étrangere, qui leur arrive par accident ou de dehors, comme par les remedes, par les alimens : & c'est celle qui cause les maladies, & sur tout la fievre.

CHALEUR, se dit figurément en choses morales des passions violentes d'affection, de colere, de haine. Cet homme sert ses amis avec beaucoup de chaleur. Il va à l'assaut, parle, dispute avec chaleur.

CHALEUR, se dit aussi des passions passageres qui viennent par un prompt mouvement, ou qui sont attribuées à l'âge, ou au temperamment. Il a eu querelle avec son amy, mais ce n'étoit qu'une petite chaleur de foye ; c'est la chaleur de la jeunesse qui luy a fait commettre cette faute. ce vieillard n'est pas dangereux, toutes ses chaleurs sont passées.

On appelle aussi de petits boutons qui viennent sur le visage, des chaleurs de foye, parce qu'elles viennent d'un sang échauffé.

CHALEUR, se dit aussi de l'ardeur qu'ont les femelles des animaux en certains temps pour rechercher le masle, comme des chiennes, des chattes, des cavalles, des élephants, &c.

On dit proverbialement, Couvrez vous, la chaleur vous est bonne, à ceux qu'on taxe d'incivilité, quand ils mettent leur chapeau à contre-temps.