ESTROIT, OITE. adj. Qui a peu d'estenduë en sa seconde dimension ou largeur. Cette ruë est fort longue, mais elle est trop estroite. Tantost on porte du ruban trop large, & tantost trop estroit. Les souliers trop estroits font venir des cors aux pieds. Les habits doivent estre estroits en hiver, & larges en esté.

ESTROIT, se dit figurément en choses morales. JESUS-CHRIST dit à ses Apôtres, qu'ils taschent d'entrer par la porte estroite. Le chemin du salut est fort estroit : celuy de la damnation est fort large. C'est une estroite union que celle de l'ame & du corps, du mari avec sa femme, de Dieu avec son Eglise. La vertu lie les amis d'une amitié plus estroite. Ce mot vient de strictus, qui signifie la même chose. Nicod.

ESTROIT, en termes de Manege, se dit d'un cheval qui a les costes plattes, serrées ou raccourcies, qui a le flanc retroussé tel que celuy d'un levrier. On l'appelle aussi estrac ou estroit de boyau. On dit aussi, Conduire un cheval estroit, pour dire, luy donner peu de terrain, & l'empêcher qu'il ne marche large : ce qu'on fait quand il a la bouche forte.

ESTROIT, en termes de Jurisprudence, se dit de ce qui se doit executer à la rigueur avec toutes les formalitez. Le Droit distingue entre les actions de droit estroit, & celles de bonne foy. Les retraits, les devoluts sont des actions de droit estroit qui ne souffrent point d'extension. Les contracts donnent lieu aux actions de bonne foy, qui peuvent estre sujets à interpretation. La Cour fait d'estroites inhibitions & deffenses aux parties de se mesfaire & mesdire.

ESTROIT, se dit aussi de l'austerité d'une Regle, d'une discipline. Il y a des Cordeliers, des Bernardins de l'estroite Observance, qui observent la Regle dans sa premiere rigueur & pureté. On donne dispense à un Religieux de passer d'un Ordre dans un autre, pourveu que la Regle soit plus estroite. Un General pour estre maistre de ses soldats, les doit faire vivre dans une estroite discipline.