v. act. & neut. Presser un corps, & le faire sortir hors de sa place. La foule estoit grande à cette ceremonie, les uns poussoient à droite, les autres à gauche ; j'eus du mal à pousser, à avancer jusqu'à la porte. Les voutes poussent sur les costés, pressent les murs sur lesquels elles appuyent. Ce mur pousse en dehors, fait un ventre, il menace ruine. On dit aussi, Pousser un homme en prison, pour dire, l'y faire entrer ; le pousser hors du logis, l'en faire sortir.

POUSSER, se dit aussi du mouvement qu'on donne aux fardeaux. Il faut pousser cette poutre plus avant sur ce mur. Poussez ce lit, ce buffet dans ce coin. Quand un cheval ne tire qu'à peine, il faut pousser à la rouë. Celuy-cy se dit aussi au figuré, pour dire, Aider & secourir quelqu'un, faciliter quelque entreprise.

POUSSER, signifie aussi, Porter un coup, chasser loin. On pousse une balle plus loin avec la raquette qu'avec le batoir. Il a poussé, il a forcé un coup dans la grille. Il luy a poussé, allongé une botte franche. Il l'a poussé, il l'a heurté si fort, qu'il l'a fait tomber. Il l'a poussé dans le precipice.

On dit aussi, pousser un cheval, pour dire, le faire galopper. Il a pousse son cheval sur luy. On outre un cheval, lors qu'on le pousse, & qu'on le fait galopper trop viste & trop long-temps.

POUSSER, signifie aussi, Aller en avant, prolonger son voyage. Puis que vous allez à Milan, poussez jusqu'à Rome par curiosité. Le coche arrive en hiver en un tel giste ; en esté il pousse plus loin.

On dit en ce sens, qu'un Prince a poussé ses conquestes fort loin ; qu'Alexandre a poussé jusqu'aux Indes. Le Roy a poussé ses frontieres bien loin, il les a reculées. Il faut pousser cette galerie jusques là, l'accroistre d'une, ou de deux travées. On a poussé la tranchée à cent pas de la contrescarpe.

POUSSER, signifie aussi, Poursuivre, obliger à fuir, à reculer. Ce General a poussé la garde avancée des ennemis jusques dans leur camp. Aprés la bataille, il les a poussez, il les a menez battant.

POUSSER, se dit figurément en choses morales. Les Modernes ont bien poussé la Physique, ils l'ont portée bien plus loin que les Anciens. Cet Auteur a poussé cette question, il l'a approfondie. Cet homme s'est bien poussé à la Cour, il a fait fortune. Il ne faut pas pousser sa vengeance, sa raillerie à l'extremité. Cette figure, cette hyperbole est bien poussée, bien outrée. Il a poussé les encheres d'une telle terre jusqu'à sa legitime valeur. Il y a aussi des gens qui luy ont aidé, qui l'ont poussé. C'est un homme à pousser sa pointe, à ne point demordre. La gloire est l'aiguillon qui pousse les hommes à faire de grandes entreprises. Il a poussé cette affaire fort loin.

POUSSER, se dit aussi des poursuittes qu'on fait en Justice, à la dispute, au jeu. Voilà une partie animée qui vous poussera à bout. Il pousse ce procés vigoureusement, il ne perd point de temps à ses poursuittes. Un Docteur habile pousse facilement un Ministre sur la controverse, le rend muet. Les femmes qui se querellent sont sujettes à se pousser, à se faire de vilains reproches. Quand on jouë sur l'argent d'autruy, on le peut pousser en seureté, luy tenir jeu.

On dit aussi, Pousser des cris & des voeux au ciel ; pousser des souspirs, des sanglots, des gemissements ; pousser sa voix, pour dire, l'eslever ; pousser son haleine, pour dire, respirer. On dit aussi absolument, Poussez, pour dire, Continuez. Pousser les beaux sentiments, dire de belles choses.

POUSSER, se dit aussi des fruits & des plantes qui commencent à paroistre, à jetter quelques boutons. Tous les arbres poussent au printemps. Le bled pousse peu de temps aprés qu'il est semé. La gelée est à craindre, lors que la vigne pousse son bourgeon, elle pousse beaucoup de bois.

POUSSER, se dit aussi en parlant du vin qui se tourne par la chaleur, par l'agitation. Il est dangereux de remuer le vin, quand la vigne est en fleur, cela le fait pousser, tourner.

On dit proverbialement, Pousser le temps à l'espaule, pour dire, Gagner le temps insensiblement, se mesnager adroitement un delay de payer, ou de faire quelque chose. La patience qu'on pousse devient fureur.