s. m. Comedien, Farceur qui divertit le public par ses plaisanteries, pour attraper de l'argent. Les Comediens Italiens sont les meilleurs Bouffons. On appelle Harlequins, Trivelins, les excellents Bouffons.

BOUFFON, se dit aussi de ceux qui ne cherchent qu'à rire & à divertir les autres par un emportement de gayeté & de bonne humeur. C'est une qualité qui tient lieu de merite en beaucoup d'endroits, de sçavoir faire le bouffon bien à propos.

BOUFFON, se prend quelquefois adjectivement, tant au masc. qu'au fem. Il a fait un discours, un conte bouffon. c'est une humeur bouffonne.

Quelques-uns derivent ce mot d'une Feste qui fut instituée au pays d'Attique par le Roy Erectée à l'occasion d'un Sacrificateur nommé Buphon, lequel aprés avoir immolé le premier boeuf sur l'autel de Jupiter Polien ou Gardien de la ville, s'enfuit sans sujet si soudainement, qu'on ne le pust arrester, ni le trouver, laissant la hache & les autres utenciles du sacrifice par terre. On les mit entre les mains des Juges pour leur faire leur procés, qui jugerent la hache criminelle, & le reste innocent. Toutes les autres années suivantes on fit le sacrifice de la même sorte. Le Sacrificateur s'enfuyoit comme le premier, & la hache étoit condamnée par des Juges. Comme cette ceremonie & ce jugement étoient tout à fait burlesques, on a appellé depuis bouffons & bouffonneries, toutes les autres momeries & farces qu'on a trouvées ridicules. Cette histoire est rapportée dans Coelius Rhodiginus, liv. 7. chap. 6.

Menage aprés Saumaise derive ce mot de buffo. On nommoit ainsi en Latin ceux qui paroissoient sur le theatre avec des jouës enflées pour recevoir des soufflets, afin que le coup faisant plus de bruit, fist rire davantage les spectateurs. Vossius est de même advis, & dit que bouffer signifioit autrefois enfler, & souffler : d'où vient qu'on dit bouffi d'orgueil, que les habits bouffent, & une bouffée de vent. Il tire de la même origine le mot de soufflet, qu'on appelle aussi une buffe.