s. f. Medicament qu'on prend à sec en forme de petite boule. Les Medecins Chymistes ne guerissent gueres qu'avec des pillules. On les a inventées en faveur de ceux qui ont de la peine à boire des medicamens dissous. Il y a des pillules anodines, somniferes, laxatives, aperitives, hysteriques, antinephretiques. Il y a aussi des pillules dorées, qui sont de couleur jaune ; d'autres de Nicolas sine quibus, on sous-entend esse nolo, à cause des bons effets qu'elles produisent pour purger la pituite & la bile, & pour guerir les maladies de la teste. La base des pillules est d'ordinaire l'aloés, & l'on y mesle la scamonée, l'agaric, le turbith, les hermodactes, le sené, la rheubarbe, le mercure, &c. Les pillules aggregatives de Mesvé sont nommées vulgairement polycrestes, parce que de toutes parts elles amassent les humeurs corrompuës, afin que la nature les jette dehors plus aisément. Les pillules gourmandes de Mesvé sont composées d'aloés pour base, de mastic & de roses rouges, & sont appellées stomachiques, parce qu'elles fortifient l'estomach ; & gourmandes, parce qu'on les prend avant le repas, & qu'elles n'empeschent point de manger. Les Medecins les dosent differemment. Il y a des pillules que le peuple appelle blanches, & les Apothicaires bechies, ainsi nommées, parce qu'elles sont propres pour la toux, qu'en Grec on appelle bix. On les appelle aussi hyppoglottides, parce qu'on les laisse fondre doucement sous la langue. On enveloppe les pillules ordinaires d'une feuille d'or, de pain à chanter, ou de sucre, afin qu'on n'en sente pas le mauvais goust. On les a ainsi nommées à cause de leur figure ronde, comme une petite balle, ou de pila, le nom du mortier où on pile les drogues.

PILLULE, se dit figurément en Morale des fascheuses nouvelles, des afflictions ou injures qu'on est obligé de souffrir. Il a eu beau se plaindre de cette taxe, il a été obligé d'avaler la pillule, de payer. On luy a doré, sucré la pillule, quand on luy a appris cette nouvelle on y a apporté quelque adoucissement.