v. act. & neut. Manger quelque chose de sec & de dur, qui fait du bruit estant froissé par les dents. Ce cadet a de bonnes dents, il aura bientost croqué ce poulet. Il croquera toute nostre collation, si on n'y prend garde. Le biscuit de mer, les amandes à la Prasline croquent sous les dents. Les moules, les laituës qui ne sont pas bien lavées croquent quand on y a laissé du gravier.

CROQUER, signifie encore, Dissiper, perdre. C'est un homme qui a croqué, qui a dissipé tout son bien. Vous avez presté vostre argent à cet insolvable, c'est autant de croqué.

CROQUER, figurément signifie, Dérober avec adresse & promptitude. Je laissay mon Livre sur la table, il fut incontinent croqué.

CROQUER, en termes de Peinture, signifie, Tracer sur le papier à la haste les premieres idées, les premiers traits d'un dessein, dans l'intention de les corriger, polir & finir à son aise. On le dit aussi des vers, & de tous les ouvrages d'esprit. Cet ouvrage n'est que croqué, c'est dommage que l'Auteur n'a pas eu le temps de le polir.

On dit proverbialement, qu'un homme a été long-temps à croquer le marmot, pour dire, qu'on l'a laissé long-temps à attendre sur les degrez, dans un vestibule. Ce proverbe vient apparemment des compagnons Peintres, qui quand ils attendent quelqu'un, se desennuyent à tracer sur les murailles quelques marmots ou traits grossiers de quelque figure : ce qu'on appelle croquer le marmot, suivant la phrase qui vient d'estre expliquée.