subst. masc. C'estoit un Dieu fabuleux de l'Antiquité, fils de Jupiter & de Maya, qui presidoit au Negoce. On tient qu'il estoit ainsi nommé à mercibus, qui signifie marchandises. On le croyoit aussi le Dieu de l'Eloquence. C'est pourquoy on a feint qu'il estoit le Messager des Dieux ; & pour cela on luy a donné des ailes & des talonnieres, un caducée ou une verge entortillée de Serpents, qui avoit la vertu de faire toute sorte de merveilles.

MERCURE, estoit aussi un Dieu des anciens Gaulois, qu'ils avoient pris, selon Bochart, des Pheniciens. Ils l'adoroient sous le nom de Theutates. Platon a appellé Theut, Mercure, qui estoit un nom derivé de Theos, signifiant Dieu.

MERCURE, a servi figurement en ce sens de titre à plusieurs Livres qui annoncent quelque chose de nouveau. Le Mercure François est une Histoire de France qui contient XXV. Tomes, commençant depuis l'année 1605. jusqu'a la fin de l'année 1644. Vittorio Siri a intitulé son Histoire de France du nom de Mercure. Le Mercure Armorial de Segoing qui traitte du Blason. Le Mercure Indien de Rosnel Orfevre, qui traitte des pierres precieuses, des perles & de l'or. Le Mercure Galant du Sieur de Visé : c'est un recueil qu'on donne tous les mois de plusieurs nouvelles & ouvrages galans, qui entretient dans les Provinces un commerce d'estude & de galanterie.

MERCURE, est aussi la plus petite des Planetes. Elle fait son cours autour du Soleil dans les systemes les plus plausibles de Copernic & de Thicobrahé. Elle ne s'en esloigne jamais de plus de 28. degrez. On l'appelle Mercure bruslé, quand il est dans les rayons du Soleil ; & il a esté observé dans son Disque par Gassendi & Bouillaud, qui en ont mis au jour leurs observations, qu'on a de la peine à faire sinon de 30. ans en 30. ans. Cette Planete est seche de sa nature, & est indifferente au bien & au mal, & ne fait qu'augmenter la force des autres.

MERCURE, signifie aussi le vif-argent, ou hydrargyre. Il est appellé par quelques-uns demi-metail. Il est toùjours liquide. Les Chymistes luy donnent le surnom de Prothée, à cause des diffetentes couleurs qu'il prend dans ses preparations. Et Olaeus Borrichins Danois dans sa Chymie dit qu'ayant tourmenté pendant une année entiere du Mercure par plusieurs feux, & l'ayant reduit en eau, en turbit, & en cendre, il reprit sa premiere forme au milieu de la flame par l'attraction du sel de tartre. Il a souvent ses propres mines où on le trouve tout purifié & coulant ; & alors il s'appelle Mercure vierge. On le trouve souvent en celles des autres metaux, ou meslé parmi des terres ou des pierres, ou corporifié en cinnabre naturel, d'où on le separe par le moyen du feu. Il est de nature volatile, composé de terre sulfurée blanche, & de son propre mercure interne. Les Autheurs ne sont pas d'accord sur la nature du vif-argent. Les uns tiennent qu'il est chaud, comme Galien, Rhasis, Dioscoride, Platearius. D'autres disent qu'il est froid, comme Avicenne, Matthiole. Mais Paracelse dit qu'il est chaud au dedans, & froid au dehors ; & Pierre d'Apponne dit le Conciliateur assûre qu'il est froid, à cause qu'il est aqueux ; & chaud, à cause qu'il contient du soulfre. Le pied cube de mercure pese 947. livres, & celuy d'Eau de Seine n'en pese que 70. Ainsi le pouce de mercure pese presque autant que 14. pouces d'Eau. Mr. Huygens a experimenté que le vif-argent purgé, demeure suspendu dans le vuide jusqu'à la hauteur de 72. pouces.

On purifie le Mercure en le lavant plusieurs fois dans le vinaigre, ou en sauge, rosmarin, thim, & lavande, en le passant par un chamois. Ambroise Paré dit qu'il en faut faire avaler à un chien une livre à la fois, & le separer aprés de ses excrements, & le laver avec du vinaigre.

Le Precipité de Mercure est rouge, & se fait en y versant de l'huile de vitriol, aprés qu'il aura esté figé par certains sels, sucs, ou verd de gris, ou sublimé, ou dissout en Eau forte. Et il redevient coulant & en sa nature, en y versant de l'huile de tartre : car c'est un axiome en Chymie, que ce que le vitriol precipite, le tartre le revivifie.

Le Mercure se coagule avec du suc de limon, en les remuant bien ensemble. On ne peut faire de vermeil doré qu'avec un amalgame de mercure.

On appelle aussi le mercure, argent aqueux, serf, fugitif & esprit mineral ; comme l'armoniac, l'aigle volant ; le soulfre, l'esprit puant, & l'Arsenic, l'esprit conciliateur.

La fixation du mercure se fait en plusieurs façons, & est ce grand ouvrage que recherchent les Chymistes pour la Pierre Philosophale, car ils travaillent presque tous sur le mercure ; mais quand on a trouvé la maniere de le fixer, & de l'éteindre, ce n'est aprés tout que de l'or apparent, qui ne peut resister aux espreuves de la coupelle, ou de l'Incart.

On dit figurément, fixer le mercure, pour dire, guerir l'inconstance, la legereté d'un esprit.

Quand on dit que les principes de Chymie sont le sel, le soulfre & le mercure, on n'entend pas que ce soit du vif-argent actuel, mais la partie liquide, ou humide radical, qui est en tous les corps naturels.

Le Mercure chez les Medecins s'appelle le furet, parce que par sa subtilité il va chercher les mauvaises humeurs jusques dans les parties les plus solides. C'est pourquoy on l'employe à guerir le mal de Naples ; & il a une vertu merveilleuse pour faire mourir toute la vermine subitement. Ceux qui travaillent aux mines de mercure sont sujets à la paralysie.