s. m. Arbre qui vient en Egypte, & dans les pays chauds. Il est fort haut, & il a un tronc escaillé qui ne produit des branches qu'à sa cime, lesquelles se tournent en rond, parce que leurs extremités panchent vers la terre. Ses feuilles sont longues, doubles, & étroites comme une épée. Il jette force fleurs attachées à une queuë fort mince, qui viennent en grappe, & ressemblent à celles du safran, si ce n'est qu'elles sont moindres, & blanches. Il porte un fruit qu'on appelle dactes, & par corruption dattes. Le palmier femelle ne porte point de fruit, s'il n'est planté auprés du palmier masle, à ce que dit Pline. Il y a aussi d'autres especes de palmier. Voyez Dioscoride, Matthiole, Pline & Theophraste.

Les étrangers donnent le nom de palmier à des arbres d'especes fort differentes, dont le plus excellent est le cocos, & les Indiens en font huit especes, dont la cultivée est la meilleure, qu'ils appellent barka, c'est à dire excellent en leur langue. C'est une noix de bon goust, & fort saine, qui ne charge point l'estomac, quelque quantité qu'on en mange. Elle est differente des palmiers qui portent les dattes, qui dans les Indes ne portent point de fruit, mais rendent seulement une liqueur dont on fait du vin. Il y en a aussi une autre espece dont on fait des parasols assez grands pour mettre deux hommes à couvert, qui ne porte point aussi de fruit. La mer porte aussi des cocos qui croissent sans culture aux Isles des Maldives. Ils jettent sur les costes leurs noix, qui sont aussi grosses que la teste d'un homme. On tient que leur chair est souveraine contre les poisons : ce qui fait qu'on en achete quelquefois au poids de l'argent. Il y en a une espece nommée macomeira, qui est la seule dont le tronc se fourche une ou plusieurs fois. Son fruit est d'une odeur agreable, il aide à la digestion, & est bon contre les vapeurs des hypocondres. Il y en a une autre espece qu'ils appellent trefulin, qui croist le plus haut de tous, & dont on pourroit faire des masts pour les plus grands vaisseaux, s'il avoit assez de solidité. Cet arbre porte une gousse pleine de seize noix, dont chacune est grosse comme les deux poings, qui sont d'abord vertes, & puis de couleur de pourpre. On y trouve trois separations pleines d'un miel coagulé, frais & rafraischissant, & sa chair est d'un blanc pasle. Il y a des feuilles de palmiers qui servent à couvrir les palanquins ou litieres, que le soleil ni la pluye ne percent point. Il y en a d'autres qui servent de papier, sur lesquelles on escrit avec une pointe de fer, & dont on fait des livres. Il y a aussi un palmier qui porte un fruit nommé areca, qui approche fort du trefulin, qui est fort estimé des Indiens. En general le tronc des palmiers n'est pas fort solide. Leurs feuilles croissent au haut du tronc, qui tombent à mesure que l'arbre croist, sans y laisser autres vestiges qu'un bourlet au lieu où elles étoient attachées. Voyez Coco, & Areca. Ce que dessus est extrait du Voyage du Pere Jeronimo Lobo.

La racine du palmier donne une excellente trempe au fer, & ses feuilles roulées servent de torches, dont les Voyageurs se deffendent contre les serpens qui sont en grand nombre, & qui les attaquent, quand ils ne sont point armés de ces torches.

Il y a dans l'Amerique une espece de palmier qui sert à une nation qui est vers l'embouchure de la riviere d'Orenoque de maison & de sepulchre, & qui luy fournit tout ce qui luy est necessaire pour la vie. De la moüelle on tire une farine delicate qui luy sert de pain. Des branches & des feuilles on en compose une boisson. Dans la vie de Christophle Colomb il est aussi parlé d'une nation entiere qui vivoit sur des arbres où elle s'étoit refugiée pour éviter les tigres & ses ennemis.